★ « En Voiture avec Tintin » (entrée libre), au « Musée Hergé », à Louvain-la-Neuve ★


« Le Sceptre d’Ottokar » (1939/8è album/p. 14 de l’édition de 1947) © Hergé / Moulinsart 2020
Hergé s’offrit sa première voiture, une « Opel Olympia Cabriolet Coach », en 1938, à l’âge de 31 ans. Occupée par des espions syldaves, il la dessina dans son 8è album, « Le Sceptre d’Ottokar », édité en 1939, en noir et blanc, et en 1947, en couleurs. Benoît Peeters, l’un des biographes d’Hergé rapporte le propos de ce dernier : “Je l’avais achetée aux Établissements Paul Cousin. Pendant la guerre, je l’avais cachée dans une grange, car les Allemands réquisitionnaient les voitures. Je n’ai donc pas beaucoup roulé avec. En plus l’essence était quasi introuvable. Puis je l’ai prêtée à un médecin… A la Libération, elle s’est faite un peu pliée par un gros camion américain. »
« Le Crabe aux Pinces d’Or » (1941/9è album/page 44) © Hergé / Moulinsart 2020
Peu de gens le savent, Hergé fut le propriétaire d’une « Impéria Mésange », qu’il dessina dans « Le Crabe aux Pinces d’0r », son 9è album, le 1er édité directement en couleurs, en 1941. Dans les cases de cette aventure, cette voiture apparaît remorquée par une dépanneuse. A l’époque, il s’agissait d’un modèle récent, puisque daté de 1940.

« Tintin au Pays des Soviets » (2017/extrait couverture colorisée) © Hergé/Moulinsart-Casterman
Preuve de l’importance des voitures dans l’univers hergéen, c’est un démarrage brutal de son véhicule, qui, dès la première édition, en noir et blanc, en 1929, par « Casterman », provoqua la formation de sa célèbre houppette, cette mèche rebelle ne l’ayant jamais quitté…
Si un exemplaire de cette édition originale s’esr vendu, aux enchères, en 2006, à… 60.180€, c’est en 2017, sous la direction artistique de Michel Bareau, qu’une version colorisée fut éditée par « Moulinsart-Casterman », mettant en valeur cette fameuse houpette, si cractérisique au personnage de « Tintin »…
Philippe Godin, l’un des biographes d’Hergé, écrivait, en 2017 : « Tout d’un coup, Hergé a dessiné sa houpette non plus en avant, mais en arrière. Ca lui a… paru être un signe de reconnaissance plus facile… Cette mèche relevée avait un côté sympathique et il a voulu la conserver. Et elle incarne à merveille la caractéristique essentielle de cet album : le mouvement, la vitesse, la dynamique. »
Présentée dans l’atrium, l’exposition « En Voiture avec Tintin » est accessible gratuitement. En direction du vestiaire (fermé pour raisons sanitaires, les toilettes étant, bien sûr, disponibles), nous trouvons les reproductions de deux taxis, utilisés par « Tintin », l’un de Chicago et l’autre de New Delhi.
Le Taxi de Chicago : inspiré des « Checker Cabs » :

« Tintin en Amérique » (1932/3è album/page 04 de l’édition de 1946) © Hergé / Moulinsart 2020
Inspiré des « Checker Cabs », qui équipèrent la Ville de Chicago, Hergé ayant pris pour modèle une photo, en noir et blanc (exposée dans la vitrine), d’un magazine « Capouillet », publié en 1930.
« Au milieu des cow-boys, indiens, milliardaires, bandits, Hergé n’avait pas perdu une miette de la guerre des taxis de Chicago. Cet épisode authentique, qui défrayait la chronique dans les années folles, voyant des taxis au damier noir et blanc, ‘Checker Cabs’, de Morris Markin et les taxis ‘Yellow Cabs’ de John Daniel Hertz tenter d’imposer leur loi tarrifaire dans les rues de la Ville, vidant joyeusement leurs revolvers lors de furieuses expéditions punitives, dignes des meilleurs films de gangsters… Le trait nerveux du dessinateur matérialise la verticalité impressionante des immeubles, leur architecture caractéristique, les enseignes lumineuses en anglais, le bruit omniprésent du pays de l’ ‘Oncle Sam’ » (© Hergé / Moulinsart 2020).
Le Taxi de New Delhi : « Cadillac Fleetwood 1938 :
« Tintin au Tibet » (1960/20è album/p. 08) © Hergé / Moulinsart 2020
Ayant dû écourter leur visite de New-Dehli pour ne pas rater l’avion qui va les mener à Katmandou , via Patna, « Tintin » et le « Capitaine Haddock » ont tout juste le temps de gagner l’aérodrome de la capitale népalaise en taxi…
La « Ford T » :

« Tintin au Congo », la « Ford T » (2è album/1931/page 11 de l’éd. de 1946 © Hergé / Moulinsart 2020
Le « Jeep Willys » des « Dupondt » :





« Les 7 Boules de Cristal » (13è album/p.54/1948) © Hergé / Moulinsart 2020
Unique voiture jamais possédée par le« Capitaine Haddock », la « Ford Lincoln Zéphir », de style « streamline », rattaché à l’« art déco », elle l’emmène, en compagnie de « Tintin » et « Milou », au port de Saint-Nazaire, à la poursuite des ravisseurs du« Professeur Tournesol ».
Comptant parmi les toutes premières voitures aérodynamiques des années trente, elle doit son élégance à ses formes fluides et sa puissance de ses lignes profilées. Mise sur le marché en 1935, sous la direction d’Edsel Ford, (1893-1943), le fils du fondateur Henry Ford (1863-1947), elle fut produite en 600 exemplaires de 1938 à 1940, cette « belle américaine », surnommée « avion terrestre » par ses créateurs, ayant revitalisé la marque « Lincoln », rachetée par « Ford », en 1922, pour 8 millions de dollars…
Inauguration, le 14 janvier 1995, près de la gare de Saint-Nazaire © Photo : « Les 7 Soleils »
Et comme nous évoquions Saint-Nazaire, signalons que fin 1994, « Ouest France » titrait « Tintin à Saint-Nazaire, le retour ». De fait, près de la gare ferroviaire de cette ville portuaire, le 14 janvier 1995, les habitants découvrirent une reproduction géante d’une autre case (la 1ère de la page 54 du 13è album « Les 7 Boules de Cristal »), présentant la« Ford Lincoln Zéphir », avec, quoi de plus normal à Saint-Nazaire, un marin au volant.


« L’Affaire Tournesol » (18è album/page 36/1956) © Hergé / Moulinsart 2020
Rencontre particulière du Capitaine Haddock – qui traversait la route dans un village suisse – avec une« Lancia Aprilia B20 GT », une voiture particulièrement appréciée par Hergé.
Le chauffeur, au nom réduit, de la « Lancia Aprilia B20 GT » © Hergé / Moulinsart 2020
En notant le vocabulaire si attachant de notre héros –« Bandit !… Anthropophage ! … Ecraseur ! … Espèce de cow-boy de la route ! … » – soulignons que grâce à son chauffeur transalpin, Arturo Benedetto Giovanni Giuseppe Pietro Archangelo Alfredo Cartoffoli dé Milano, les ravissseurs du Professeur Tournesol furent rattrapés…
Hergé aimait les voitures sportives, à la limite de la catégorie bolides, avec une nette préférence pour celles d’origine italienne, Benoît Peeters, l’un de ses biographes écrivant : « Il aimait conduire très vite, parfois sur des anneaux ou des pistes de performance », Georges Remy ayant confié : « c’est une excellente petite voiture qui, à l’époque, se tapait facilement le 140 ! »…
Rasemblement automobile dans le domaine du Château de Moulinsart :


Les livrets accompagnant deux des modèles de la collection © Hergé / Moulinsart 2020
Chaque voiture de cette collection est accompagnée de son livret, révélant les caractéristiques techniques du véhicule, ainsi que tous les détails de son intégration, reproductions des cases incluses, au sein de l’oeuvre d’ Hergé…

… Mais quand donc débuta la passion d’Hergé pour les voitures ? Bien avant l’âge de conduire, ainsi Dominique Maricq, l’un de ses biographes, écrivit : « Son premier dessin connu, réalisé à 4 ans, montre une locomotive et une voiture à un passage à niveau. Son souci du détail l’amena à insérer des véhicules qui l’ont marqué de près ou de loin. Dont certains furent même siens mais, comme toujours, il recourait à une abondante documentation réunie par lui et plus tard avec son équipe. ‘Google’ avant ‘Google’, quoi… »
Au début, Hergé dessinait avec simplicité ses différents modèles de voitures. Concernant son évolution graphique, Hergé s’est confié, en 1971, à Numa Sadoul : « C’est au moment du ‘Lotus bleu’ (5è album/1934, NDLR) que j’ai découvert un monde nouveau. Je découvrais une civilisation que j’ignorais complètement et, en même temps, je prenais conscience d’une espèce de responsabilité. C’est à parir de ce moment là que je me suis mis à rechercher de la documentation, à m’intéresser vraiment aux gens et aux pays vers lesquels j’envoyais ‘Tintin’, par soucis d’honnêteté vis à vis de ceux qui me lisaient. Tout ça grâce à ma rencontre avec Tchang (Zhang Chongren/1907-1988/artiste chinois ayant étudié à l’ « Institut des Beaux-Arts » de Bruxelles/ami d’Hergé/NDLR). Il en fut de même, comme cela est prouvé au sein de la présente exposition, pour les photographies de voitures qui l’aidèrent à acquérir une plus grande précision dans la représentation des autos qu’il dessina, à partir de 1934…
Hergé devant son italienne préférée, sa « Lancia Aurelia B20 GT » © Hergé / Moulinsart 2020
Fany Rodwell et la statue en bronze d’Hergé, oeuvre de Tom Frantzen (c) « Le Soir »/2019
Les restaurants étant rouverts depuis quelques jours – suite à un long confinement, pour raisons sanitaires -, nous pourrons trinquer, à cette occasion, à la santé de « Tintin », « Haddock », « Tournesol » et leurs deux amis, avant de pouvoir profiter d’un bon repas proposé par le resto du « Musée Hergé », « Le petit Vingtième », du nom du supplément hebdomaire du journal belge « Le vingtième Siècle », dans lequel furent publiées les premières « Aventures de Tintin », la première, publiée du 10 janvier 1929 au 1er mai 1930, ayant porté le titre original de « Tintin, Reporter du ‘Petit Vingtième’ au Pays des Soviets »…
A votre santé ! © Hergé / Moulinsart 2020
Notons encore que de nouveaux films documentaires sont diffusés dans plusieurs endroits du bâtiment, celui-ci étant dû à l’architecte français Christian de Portzamparc, lauréat, entre autres, en 1994, aux Etats-Unis, du « Pritzker Architecture Prize », et, en 2018, au Japon, du « Praemium Imperiale », dans la catégorie architecture, pour ses réalisations artistiques, son rayonnement international et pour avoir contribué, par son œuvre, à enrichir l’humanité.

Vue sur l’atrium du « Musée Hergé » © Christian de Portzamparc – Hergé / Moulinsart 2020
Ouverture du Musée : du mardi au vendredi, de 10h30 à 17h30, le samedi et le dimanche, de 10h30 à 18h, les caisses fermant à 17h, en semaine, et 17h30, le week-end. Exposition temporaire, jusqu’à la fin de l’été : entrée libre, un carnet Quiz nous étant offert. Prix d’entrée du « Musée Hergé » (audio-guide inclus, sauf les premiers dimanches du mois et tous les dimanches de juin 2020 : 5€) : 12€, à partir de 15 ans (7€, pour les étudiants, les seniors dès 65 ans & les membres de familles nombreuses / 5€, de 7 à 14 ans et pour les enseignants / 0€, pour les moins de 7 ans, pour les personnes souffrant d’un handicap physique ou mental et pour tous, les premiers dimanches du mois et tous les dimanches de juin 2020). Sites web : http://www.museeherge.com & http://www.tintin.com/fr.
Yves Calbert.
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