Palmarès du 4ème « Festival International du Film de Bruxelles »

« Rafaël » (Ben Sombogaart )
*** Le « Grand -Prix » du 4ème « FIFB » a été attribué à « Rafaël » (Ben Sombogaart/Bel.-P.B.-Ita.-Croatie/2018/ 105′), réalisé d’après le roman éponyme (2014) de Christine Otten. Inspiré de faits réels (2011), ce long-métrage est un drame romantique à propos de deux amants donnant tout ce qu’ils possèdent pour être réunis pour la naissance de leur fils Rafaël. Avec de superbes vues de la Croatie, notamment réalisées sur l’île de Pag, c’est une histoire prenante sur les frontières, les rêves, la persévérance et même les murs de prison.
« Rafaël » (Ben Sombogaart )
Synopsis : « Le printemps arabe force le Tunisien Nazir, marié à Kimmy, à fuir l’Europe et son épouse néerlandaise. Il se retrouve à Lampedusa emprisonné en tant que réfugié illégal… »
Matthew Boas, pour« Cineuropa » écrit : » ‘‘Rafaël’ est un travail solide qui fait réfléchir et qui devrait, dans un monde juste, réveiller un peu les décideurs et les amener à adopter une attitude plus humaine, nourrie de plus de compassion, par rapport à la situation des réfugiés.
» ‘‘Rafaël’ est une variation intéressante sur le sujet de la crise des migrants, en explorant un cas qui en dit long sur l’Europe, et souligne la folie de la bureaucratie européenne. Bien que Kimmy fasse des recherches poussées sur le droit de la liberté de mouvement et s’assure bien que Nazir remplit toutes les conditions requises, elle est ballottée d’un bureau du gouvernement à l’autre, sans que personne n’accepte la responsabilité de ce champ administratif en particulier. Sa frustration face à cette situation est très bien exprimée par l’actrice Melody Klaver, qui injecte dans son personnage la dose parfaite de désespoir, d’émotion et de détermination. Le plus ridicule (et révélateur) dans son histoire est le fait qu’elle est forcée de recourir à un stratagème : faire un scandale dans le camp lui-même pour attirer l’attention des médias et qu’enfin son affaire avance. »
« L’histoire des personnages avant le film est relatée par bribes, à travers de brèves scènes tournées caméra à l’épaule : des flashbacks sur de belles plages colorées qui contrastent cruellement avec le désespoir et la noirceur de la situation en Tunisie pendant les soulèvements. »
L’équipe de « Rafaël », pour sa Première mondiale, au 38ème « Nederlands Film Festival », à Utrecht
Notons que le réalisateur amstellodanois, Ben Sombogaart, avait vu son film « Twin Sisters » (2002/PB-Lux./137′) être nommé pour l’ « Oscar du meilleur film étranger », en 2004.
Cinq autres Prix ont été décernés :
Synopsis: « La vie de Piotr et Marilyn, jeune couple de la banlieue lilloise, va être bouleversée suite à un accident de voiture. Traumatisé crânien, Piotr n’a plus toute sa tête : matou apathique ou fauve en rut à l’hypersexualité débridée… »
« Bonhomme » (Marion Vernoux)
Lili Yubari, pour « Biba », écrit : « En s’attaquant à un sujet grave (le handicap invisible), Marion Vernoux réussit à en faire une comédie drôle et borderline qui pose frontalement des questions taboues. »
Juliette Hochberg, pour « Marie-Claire », écrit : « Les silences font des lignes entières dans le scénario, parce que la réalisatrice a souhaité traiter les sujets du handicap, et du couple à l’épreuve du handicap, sans pathos. »
Drame sardonique savamment ironique, ‘Bonhomme’ porte un regard douloureusement humain sur l’amour véritable et rappelle avec doigté que l’on peut « oublier qui on est, mais pas qui on aime. »
Synopsis : « En Inde, Ratna (Ahmareen Anjum) travaille comme domestique auprès d’Ashwin, le fils d’une riche famille de Mumbai. A première vue, la vie d’Ashwin semble parfaite, mais rapidement, il apparaît que sa vie ne déroule pas comme il l’aurait voulu. Ratna sent qu’il a renoncé à ses rêves… »

« Les Jours Maudits » (Artem Iurchenko)
Synopsis: « Ukraine, 2014. Protégé du monde extérieur, Vladimir y prodigue l’enseignement de la précision du trait entre deux tasses de café. Le temps y semble suspendu alors que des bribes d’un présent animé y pénètrent. Les sons et les images de la révolution, qui gronde sur la place Maïdan, arrivent jusque-là, contre la volonté de Vladimir… »
Madeline Robert, pour « Visions du Réel », écrit : « Les sons et les images de la révolution qui gronde sur la place Maïdan arrivent jusque-là, contre la volonté de Vladimir, réticent à reconnaître l’influence de l’histoire de son pays sur sa vie comme sur son œuvre. Et pourtant, sous la finesse du trait de son crayon, c’est toute la violence du passé, de l’actualité et peut-être déjà d’une guerre future, qui explose.
Artem Lurchenko a lui aussi étudié dans cet atelier comme élève de Vladimir. Y revenir avec sa caméra c’est pour lui créer une brèche, ouvrir la porte, amorcer un mouvement. Il circule entre l’intérieur et l’extérieur, du décor figé de l’atelier, hanté par les natures mortes, à la scène sans cesse reconstruite des barricades de la place, puis du départ de ses conscrits vers la Crimée. »
Notons que ce réalisateur ukrénien a suivi un master en « Art Media » à l’ « École Supérieure des Beaux-Arts », à Tours, puis un master en réalisation documentaire, à l’« Ecole Documentaire », à Lussas, en 2014. Multidisciplinaire, Artem Lurchenko a plusieurs expositions de ses lithographies et sérigraphies à son actif.
*** « Last but not least« , le « Prix du meilleur Court-Métrage » revient à un film belge, « Rendez-vous mè Dieu » (Kevin Van Doorslaer/Bel./2018/14′), projeté lors de la Soirée d’Ouverture du présent Festival, alors que nous apprenions qu’il venait de recevoir, sous le titre américain de « Rendezvous with God », le « Prix du meilleur Court-Métrage Etranger », au« Studio City Film Festival », à Los Angeles.« Rendez-vous mè Dieu » (Kevin Van Doorslaer )
Synopsis : « Inspiré par Dieu, un frère et une sœur décident de passer une dernière nuit avec leur père avant les obsèques de ce dernier… »
Projetetée, en 2018, au « Festival de Cannes », dans le cadre du « Short Film Corner » (exporter la culture typiquement bruxelloise à Cannes, il fallait le faire, non ?), cette comédie bruxelloise attachante est revendiquée, comme telle, par son réalisateur, qui a choisi Molenbeek comme cadre, histoire de redonner un peu d’éclat souriant à cette municipalité qui l’a vu grandir.
Kevin Van Doorslaer, à Cannes (c) « Star Words TV »
Issu d’une famille de forains, passionné par le cinéma américain, Kevin Van Doorslaer s’embarque, à 20 ans, pour New York, afin d’y étudier le théâtre. Etant le premier Belge à être diplômé de la prestigieuse « Neighborhood Playhouse School of Theatre », il se perfectionne au « Stella Adler Studio » et au « Circle in the Square Theatre » , interprétant le rôle d’ « Aramis », dans « The Three Musketeers« , une pièce produite par « The National Theatre Company ».
De retour en Belgique, en 2009, il écrit plusieurs scénarios, avant de se décider à réaliser son premier court-métrage, « Rendez-vous mè Dieu »… Mais trouver des comédiens qui savent jouer en Bruxellois, sans que cela ne sonne faux, n’est pas chose aisée. C’est pour cela qu’il fit appel à plusieurs comédiens du « Brussels Volkstheater », dont il est lui-même l’un des acteurs. A noter que sa soeur, une foraine, est l’une des interprêtes, alors que le rôle de Dieu est confié à un New Yorkais, ancien condisciple de l’une de ses écoles de théâtre.
« Rendez-vous mè Dieu » (Kevin Van Doorslaer )
Dans un entretien pour « Star Words TV », Kevin Van Doorslaer dit, en anglais, que le café dans lequel son court-métrage est essentiellement tourné, n’est pas, pour lui, qu’un décor, mais bien un authentique « personnage », ajoutant à notre collègue américaine, qu’ « uncafé, en Belgique, est aussi représentatif de son pays qu’un … sumo, au Japon« …
Quelques membres du Jury international (c) « FIFB »
Le Jury international, particulièrement féminin, était composé de cinq actrices, quatre Françaises, Johanna Bross, Maya Coline, Lou Gala et Anne Sera, une Meninoise, Marijke Pindy, ainsi qu’un seul homme, le Marocain Younès Megri, acteur et compositeur de musiques de films, la Présidente étant une sixième actrice, la Danoise Rie Rassmussen.
Pour les Documentaires, le Jury se composait de Myrna Nabhan, une Bruxelloise, d’origine maroco-syrienne, réalisatrice et politologue, Joël Akafou, un Ivoirien, réalisateur et scénariste, le Président étant un autre réalisateur et scénariste, Joël Lemaire, un Liégeois.
Notons encore qu’à l’occasion de cette Soirée de Clôture, cette 4ème édition du « FIFB » tint à accueillir Vittorio Storaro, un maestro de la lumière au cinéma, ayant remporté trois « Oscar de la meilleure Photographie », pour :
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