Le programme suisse-ukrainien remis en question

L’un des plus grands fabricants ukrainiens et exportateur d’huile végétale, couvert par un fonds d’investissements suisse – « Allseeds » est incapable de rembourser le prêt à la banque d’état Oshadbank.
Le programme de coopération entre la Suisse et l’Ukraine, d’une valeur de 100 millions de dollars, annoncé à Kiev par l’ambassadeur Christian Schoenberger, est remis en doute et risque même d’être considéré comme un échec. En Ukraine, il y a un mécontentement croissant de l’opinion publique, considérant l’accueil sans discernement de la Suisse aux sociétés ukrainiennes, à la recherche d’un siège d’entreprise confortable dans les magnifiques lieux de la République Helvétique. Apparemment, les entreprises ukrainiennes peuvent en profiter et obtenir un prêt sans se soucier du remboursement, si effectué auprès de la Banque d’État.
Toutefois, les banques d’État ne risquent pas ou ne souffrent pas beaucoup, car le gouvernement compense la perte des banques publiques aux dépens du budget de l’Etat, et donc du contribuable ukrainien. La pratique est régulièrement dénoncée dans les médias ukrainiens, malheureusement sans aucun effet jusqu’à présent. La pratique des «pas de remboursements» s’est effectuée sans changement pendant des décennies, dit Alexander Savchenko, ancien vice-président de la Banque nationale d’Ukraine, et récemment, le gouvernement ukrainien a de nouveau décidé d’allouer la prochaine tranche de 3,5 milliards de $ en provenance du trésor public pour la capitalisation supplémentaire de la banque d’état Oschadbank. « Oschadbank » – un outil qui génère annuellement une perte pour le pays, laquelle perte est compensée par les contribuables afin de récupérer les mauvais prêts une fois accordés à des entreprises telles que « TRC », « Gulliver » et aussi le groupe de sociétés « Allseeds » poursuivit Savchenko, convaincu qu’il y a un réel besoin d’une très puissante machine judiciaire afin de lutter pour le remboursement des prêts.
Quelques uns croient que le remboursement est possible grâce à la voie légale, énormément déçue par le programme Ukrainian Themis qui souffre de corruption endémique. Mais, même eux ont des doutes. « Dans de nombreux cas, les banques ont conclu des contrats de manière si maladroite qu’un procès pour remboursement des prêts a très peu de sens », a déclaré l’expert Alexander Okhrimenko.
Les experts soulignent que la majorité des mauvais prêts à la banque d’État proviennent des fortes relations « politiques » des emprunteurs. D’influents propriétaires d’entreprises prennent de gros prêts, sachant déjà qu’ils ne rembourseront pas. Cependant, une autre partie des prêts à risques, comme « Gulliver » ou « Allseeds », se produisent en raison de l’insolvabilité financière des emprunteurs eux-mêmes. Un prêt de près de 68 millions de dollars émis en 2013 pour Allseeds est considéré comme ayant été provoqué par l’instabilité financière. Alors que leur prêt expire en mai de l’année prochaine, les emprunteurs n’ont jusqu’à présent remboursé que six millions de dollars.
Le chef d’Oschadbanka Andrew Pishny a suggéré plus tôt que le portefeuille de prêts douteux ne dépasse pas 30%, par rapport aux 2-3% habituels. Bien qu’en réalité, les experts présument que les mauvais prêts en Ukraine atteignent un dramatique 50%. « C’est-à-dire que la moitié du portefeuille de prêts est tout simplement volée, elle n’est pas là. » a conclu Savchenko. Les experts estiment inutiles les interventions du Bureau national anti-corruption de l’Ukraine pour régler le problème, de même que l’impact des autres organismes d’application de la loi. Selon les analystes, si jusqu’à présent ils ne pouvaient pas dénoncer ni interdire les schémas évidents de pillage de l’argent public via les banques d’État, cela ne va pas s’améliorer dans un avenir proche.
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