AVEC JOOST SWARTE A LA BRAFA
« La Maison idéale », un bien beau thème proposé, par la « Galerie Champaka » (stand N° 52 de la « BRAFA » / www.galeriechampaka.com ), à Joost Swarte, scénographe, entre autres, du « Musée Hergé ».
Quel plaisir pour un architecte s’étant lancé dans la bande dessinée et la scénographie que de nous offrir ses quatre visions de sa « Maison idéale » !
L’une d’elles, la « Maison magnétique », est un appartement en plein ciel, aux traits cubiques bien précis, semblant se déplacer entre deux gratte-ciels, comme nous pouvons le voir ci-dessous.
Notons la présence d’un personnage à l’une des fenêtres de cet appartement, ainsi que d’une seconde personne dans le gratte-ciel de gauche, sans, pour autant, que ces deux personnes puissent se voir, un effet voulu par l’artiste, « chacun étant à la recherche de l’autre côté, où l’herbe est toujours plus verte » (dixit Joost Swarte).
Sa « Maison cachée », écologique, s’oppose à la froideur traditionnelle des maisons à appartements, en développant la nature au dernier étage, où les locataires profitent d’un agréable jardin, alors qu’un peintre dessine des arbres sur la façade, nous invitant à penser à l' »archiborescence » de la « Cité végétale » d’un autre architecte de formation, Luc Schuiten, dont le frère, dessinateur de bandes dessinées et scénographe, François Schuiten, expose actuellement « Le Temps des Cités », à la « Bibliotheca Wittockiana ». Ce dernier et Joost, il y a quelques semaines, à Naples, se sont, par ailleurs, livrés à un intéressant exercice à quatre mains, dessinant tour à tour, durant 90 minutes, une seule et même oeuvre, leurs mouvements se laissant guider par le rythme musical qui leur était proposé.
Mais revenons à notre dessinateur-architecte néerlandais, pour découvrir sa « Maison à lire », présentée sous la forme de quatre blocs, reliés par des échelles et dessinés sur un fond noir. Du bloc cuisine au bloc chambre à coucher/salle de bain (avec, en clin d’oeïl du dessinateur, un petit chat rouge, présent dans le jardin de la « Maison cachée », au pied de la douche) en passant par le bloc bureau (n’est-ce pas Joost Swarte, lui-même, qui dessine à sa table de travail?) et le bloc … bibliothèque, forcément, tout le monde lit. « En quelque sorte, l’art de bien vivre », comme nous le confie Joost.
Terminons, enfin, avec sa « Maison Pop Up » – chère au coeur de Joost, lui qui aime particulièrement cette ambiance Pop – et sa recherche particulière, nous présentant cinq livres, qui sont les pièces et le jardin d’une maison, dont les habitants se fondent en meubles. Ainsi, les bras d’un fauteuil sont ceux d’un individu, dont la tête, cubique, surmonte le dossier, ses pieds prolongeant les pieds du siège. Quant aux objets ou animaux, sans aucun volume, ils sont couchés sur le sol ou sur les meubles. Ainsi, sur la table du livre-cuisine un couteau sépare un poisson et un … chat! … Dans le livre-salle à manger, une bouteille de vin rouge, dépourvue du moindre relief, couchée en bord de table, laisse s’échapper quelques gouttes d’ivresse! … Autre clin d’oeïl de l’artiste, il dessine la douche sur la fenêtre du livre-chambre à coucher. … Ici, étape ultime, en « trompe l’oeil », « l’on vit dans le livre », … de la végétation et … un vers de terre s’échappant des pages du livre-jardin.
Que dire d’autre de celui qui créa l’expression « ligne claire », définissant l’oeuvre d’Hergé, qui fut à l’origine de son intérêt pour la bande dessinée? Simplement, que c’est grâce à « Tintin » qu’il pu voyager dans le monde entier, assouvissant son besoin de donner vie à ses rêves d’enfants. Inspiré par Hergé, Joost le fut également par la liberté de l »underground » américain, son oeuvre dessinée personnelle découlant du croisement de ces deux influences.
Ayant rencontré Hergé à plusieurs reprises, tant à Rotterdam que dans ses Studios de l’Avenue Louise, notamment pour rédiger un article sur le créateur de « Tintin », destiné à une revue néerlandaise, publiée en 1976, Joost se lia d’amitié avec Fanny, l’épouse de Georges Remy.
Aussi, cette dernière souhaita lui confier la scénographie du « Musée Hergé » (www.museeherge.com), en accord avec Philippe Godin, le biographe officiel, et en s’imprégnant des lignes directrices données par Christian de Portzamparc, l’architecte de ce superbe musée, réparti sur plusieurs étages. De ce fait, Joost estima que la meilleure, et moins fatigante, circulation possible était de prendre d’abord l’ascenseur, avant de redescendre progressivement à pied, découvrant les neuf salles, dont il assura un éclairage discret afin de protéger les originaux, tout en les valorisant au mieux.
Peu de temps après l’inauguration du musée, Fanny l’invita à être l’hôte de la salle consacrée aux expositions temporaires. Plus récemment, Joost fut invité à exposer ses planches originales à la « Galerie Champaka » du « Sablon » (rue Ernest Allard, 27), une « Galerie » qui vient de se dédoubler à Paris, dans le quartier Beaubourg (rue Quincampoix, 67). …
Et pour la troisième année consécutive, notre artiste néerlandaise répond, à la « BRAFA », à une commande de la « Galerie Champaka », qui expose également, sur ce même stand 52, d’intéressantes oeuvres d’autres dessinateurs : Philippe Berthet, Cosey, Guido Crepax, Vittorio Giardino, Miles Hyman, Jacques de Loustal, André Juillard, André Lapone, Javier Mariscal, Ever Meulen, Ruben Pellejero, Herr Seele, Guillaume Sorel et Theo Van den Boogaard.
Sur le site de « Tour et Taxis », jusqu’au 02 février 2014.
Yves Calbert.
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