« Europalia » : « Orient Express », à « Train World », jusqu’au 17 Avril

© « Europalia » © « SNCB »

« La question est de savoir quoi faire. Il regarda Poirot. Poirot le regarda. Viens, mon ami, dit Bouc. Vous comprenez ce que je vais vous demander. Je connais tes pouvoirs. Prenez les commandes de cette enquête ! Non, non, ne refuse pas. Voyez-nous c’est sérieux. Je parle pour la ‘Compagnie Internationale des Wagons-Lits’ », écrivit, en 1934, Agatha Christie (née Agatha Mary Clarissa Miller/1890-1976), dans son roman « Le Crime de l’Orient Express », classé, en 1995, par les « Mystery Writers of America », parmi les 50 meilleurs livres policiers de tous les temps.

Une histoire liégeoise : Georges Nagelmackers et l’Orient Express (CHiCC, 2014)
© « Compagnie Internationale des Wagons-Lits »

Ce train de rêves, nous le retrouvons, jusqu’au dimanche 17 avril, dans le cadre de l’exposition « Orient Express.  Mythique. Luxueux. Belge »l’un des principaux événements du Festival « Trains & Trackx », organisé par « Europalia », se déroulant à Schaerbeek, dans toutes les salles de « Train World ».

© « Compagnie Internationale des Wagons-Lits’ »

Notre visite commence par la vision des photos d’époqueen noir et blanc, de la« Gare de l’Est »à Paris, et de la « Gare de Sirkeci »à Constantinople, d’une impressionante ancienne photographie panoramique, exposée en dix tableaux, du port istanbuliote, sur le Bosphore, exposée dans l’immense « salle des perdus » (aussi appelée « salle des guichets »), de l’historique « Gare de Schaerbeek », édifiée en 1887, où est évoquée Constantinople, non donné, en 330, à cette ville, porte de l’Orient, en l’honneur de l’Empereur romain Constantin 1er (272-337), cette ancienne capitale turque ayant pris, en 1930, le nom d’Istanbul (ou Istamboul).

Gare de Schaerbeek © « Train World » © « Europalia »

Echauffés par l’ambiance exotique de Constantinople – qui avait gagné Paris, notamment grâce à un opéra bouffe, intitulé « Les Turcs », dont une affiche est exposée -, nous gagnons, au premier étageau sein de la salle « Pays de Waes », un cabinet de curiosités, reconstituant, entre autres, le bureau du créateur, en 1872, de la « CIWL »  (« Compagnie Internationale des Wagons-Lits »), l’ingénieur civil liégeois Georges Nagelmackers (1845-1905).

Georges Nagelmackers 

S’étant inspiré des trains de nuit, lancés, aux Etats-Unis, par George Mortimer Pullman (1831-1897), par la magie de l’électronique, Georges Nagelmackers y prend la parole (en néerlandais et en français), alors que des cartes géographiques, dessins (entre autres de derviches tourneurs turcs), documents, objets divers, faïences orientalistes (de la manufacture louviéroise « Royal Bosch », fondée en 1841), photographies (plaques stéréoscopiques incluses) et peintures (dont deux oeuvres du peintre anversois Jan Baptiste Huysmans {1826-1906}) nous sont présentés.

Georges Nagelmackers nous parle © « Train World » © « Europalia »

Accueillis par un buste de Georges Nagelmackers, réalisé, en 1912, par le sculpteur toulousin Victor Joseph Jean Ambroise Ségoffin (1867-1925), nous découvrons, également, un exemplaire de l’ouvrage « Aziyadé »  (Ed.  « Calmann Levy »/1879), de Pierre Loti (1850-1923), qui écrivit : « Quelque chose comme de l’amour naissait sur ces ruines et l’Orient jetait un grand charme sur ce réveil de moi-mêmequi se traduisait par le trouble des sens. »

Orient-Express Georges Nagelmackers library
Buste de G. Nagelmackers (Victor Ségoffin) © « Train World » © « Europalia »

En outre, une photographie du roi Léopold II (1835-1909) nous est proposée, prise en 1854, en Égypte, ainsi que des photos de Constantinopleacquises en vue de préparer un voyage, en 1860.

Soulignons que Léopold II, lui-même, apporta son soutien financier à ce projet, le premier départ de l’ « Orient Express » s’étant déroulé le 05 juin 1883, entre Paris et Constantinople. Alors que tout au long des cinq premières années, le voyage s’interrompait à Giurgiuen Roumanie, où les passagers devaient prendre un bac, puis un train local et un ferry, dès 1888, le voyage devint direct, prenant, désormais, 81 heures, 30 heures de moins qu’auparavant, offrant donc la liaison la plus rapide de l’époqueentre le le coeur de l’Occident et Constantinopleaux portes de l’Orient.

( Jan Baptiste Huysmans)

Notons encore la présence, dans une dernière vitrine, de tickets et de maquettes de tramways, témoignant que ces derniers avaient été introduits à Constantinople, aussi bien qu’à Sofia ou Salonique, par des entrepreneurs belges, de« La Métallurgique »de Nivelles, de la « Société franco-belge »de l’ancienne commune de La Croyère, devenue un quartier de La Louvière, ce marché des voies vicinales ayant été facilité par l’ « Orient-Express », qui était fréquenté par des hommes d’affaires à la recherche de nouveaux marchés : constructions de garespontsstructures ferroviaires, …

Ainsi, il est à souligner que c’est une compagnie liégeoise qui, en 1889, équipa Contantinople en canalisations de gaz, comme elle le fit à Athènesen Bulgarie et en Roumanie.

Les lignes ferrovaires de l’ « Orient Express » © « Train World » © « Europalia »

Une fois arrivés dans le batiment moderne de « Train World », un parcours nous est proposé, jouxtant la collection  permanente du musée, de nombreuses affiches de l’époque étant exposées, certaines ayant été créées par des artistes réputés, tel le peintre gantois Théo Van Rysselberghe (1862-1926).

1921 © « Folkwang Museum » © « SABAM »

Film à l’appui, nous apprenons que le blanchissage du linge des voitures-lits – les draps étant changés tous les jours – est effectué, dès 1883, à Saint-Ouen, précédant d’autres implantations à MilanOstende et Vienne

Blanchissage du linge, à Saint-Ouen © « Train World » © « Europalia »

De même, avec l’illustration crayonnée d’une première page d’un quotidien, montrant une attaque d’un « Orient Express », nous apprenons que des brigands ayant attaqué un train, en Bulgarie, en 1891, l’on conseilla, alors, aux passagers d’être armésla traversée de longues étendues désertiques pouvant inciter certains individus à s’en prendre aux biens de ses voyageurs fortunés.

© « Train World » © « Europalia »

Côté négatif, notons, qu’en 1929, un autre « Orient Express » avait été bloqué par la neigeen Turquiedurant cinq joursdes passagers ayant dû chasser des loups, afin de pouvoir se nourir à bord.

© « Train World » © « Europalia »

Côté positif, soulignons qu’un billet d’accès à un « Orient Express » était valable 60 joursaller-retour, ce qui permettait de prévoir plusieurs escales, histoire de compléter notre culture en visiant des villes de différents pays.

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© « Train World » © « Europalia »

Sous d’anciennes lampes qui décoraient les tables de voitures-restaurants, près d’une veste de maître d’hôtel, entre différentes pièces de vaisselle, en porcelaine « Villeroy-Bosch », argenterie « Christofle » et verrerie « Baccarat », nous trouvons le menu à 7 services, du dîner du 27 octobre 1912 : Crème d’écrevisses, Cromesquis à la HongroiseSoBaccarat » »le à l’AmbassadriceEscalope de riz de veau à la CatalaneCéleris braisés au Porto, Faisan trufféSaladeGlace aux Avelines & Corbeille de fruits.

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Menus, Vaisselle, Veste de Serveur, … © « Train World » © « Europalia »

Passant par la salle des horloges, nous apprenons (ou nous rappelons) qu’en Belgique – où la première ligne ferroviaire de l’Europe continentaleentre Bruxelles et Malinefut inaugurée le 5 mai 1835 -, ce n’est que dans les années 1840, grâce au développement du chemin de fer, que les heures locales furent abandonnées au profit de l’heure de Bruxellesdevenue nationale.

Fines Marqueteries © « Train World » © « Europalia »
Ontdek de luxe en sfeer van de legendarische Oriënt-Express in Train World
Voiture-Salon « Côte d’Azur » © « Train World » © « Europalia »
Orient-Express carriage interior Train World (c) Lola Hakimian
Voiture-Salon « Côte d’Azur » © « Train World » © « Europalia »
« Tout le Luxe de l’ « Orient Express » © « Train World » © « Europalia » © Ph. : C. Vanbossel
Orient Express at Train World Art Deco glass and marquetry
Tout le Luxe de l’ « Orient Express » © « Train World » © « Europalia »

Mais revenons à l’ « Orient Express », notre parcours nous permettant de traverser deux voitures mythiquesrachetées, en 2011, à la « CIWL », et restaurées par la« SNCF », durant deux ans, dans les « Ateliers de Construction du Centre », à Clermont Ferrand. Une voiture-salon, nommée « Côte d’Azur », nous accueille d’abord, avec ses fauteuils recouverts de tissus « Art Déco » et ses parois en mélange d’essences de bois d’acajou et de bouleau, incrustées de fines marqueteries, certaines voitures-salons ayant bénéficié de vitraux, de tapisseries « des Gobelins » ou en « maroquains de cuir de Cordoue ».

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Voiture-Restaurant « Riviera » © « Train World » © « Europalia »

Ressentant l’ambiance et le luxe de ce train légendaire, nous déambulons, ensuite, dans la voiture-restaurant « Riviera », dont la scénographie nous présente les tables dressées, avec des bouteilles de champagnedes flacons de cognac, voire, sur certaines, une pipeun appareil photosdes jeux de sociétédes cartes postales, et, sur l’une d’elle, un exemplaire du 1er numéro du « Journal de Spirou », daté du 12 août 1938il y a près de 84 ans 

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 Voiture-Restaurant « Riviera » © « Train World » © « Europalia »
 Voiture-Restaurant « Riviera » © « Train World » © « Europalia »
Voiture-Restaurant « Riviera » © « Train World » © « Europalia »

Une époque où les voyageurs de l’ « Orient Expres » se déplaçaient avec leurs malles « Vuitton », dont quelques-unes, de différents formats, nous sont présentéesà la sortie de cette seconde voiture, dont une boîte à chaussures en cuir de vache et un « beauty case » en maroquin, avec flaconage en écailles et en verre

Orient Express at Train World - luxury travel spawned luxury luggage (c) Sarah Crew
Assortiment de Malles « Vuitton » © « Train World » © « Europalia »
Scénograpie avec Bagagiste © « Train World » © « Europalia »

(Re)découvrant, au passage, des voitures d’un ancien train royal, nous atteignons une galerie de photographies, nous présentant quelques personnalitésqui eurent l’occasion de voyager à bord de l’un ou l’autre« Orient Express » , le « Roi des Trains » ou « Train des Rois » : Joséphine Baker (1906-1975/qui soigna des blessés, lors d’un attentatà Biatorbagyen Hongrie, en 1931, 20 passagers étant décédés), Sarah Bernard (1844-1923), le baron Edouard Alphonse James de Rotchsild (1868 -1949), Marlene Dietrich (1901-1992), Albert Einstein (1879-1955), le roi Ferdinand 1er de Bulgarie (1861-1948), Ian Fleming (1908-1964), Graham Greene (1904-1991/auteur du livre « Stambul Train » {1932}), Mata Hari (née Margaretha Geertruida Zelle/1876-1917), …, en notant, pour l’anecdote, qu’un homme d’affaire britanniqued’origine arménienneCalouste Sarkis Gulbenkian (1869-1955), fit voyager son filsNubar (1896-1972), enroulé dans un tapis d’Orient, afin qu’il échappe aux tortures qu’imposait le sultan ottoman Abdülhamid II (1842-1918).

« Stamboul Train » (Graham Greene) © « Train World » © « Europalia »

Cette superbe exposition évoque, également, les imaginaires éveillés par ce train mythique et les rêves qu’il a engendrés, des plus ténus au plus connus, comme ceux inspirés par Agatha Christie (1890-1976), dont les romans ont inspirés des films, comme le prouve des affiches des deux longs-métragesau même titre : « Le Crime de l’Orient Express » (Sidney Lumet/UK/ 1974/128’/avec Jean-Pierre Cassel & Sean Connery/film lauréat, en 1975, de l’« Oscar de la meilleure Actrice » {Ingrid Bergman}, de 3 « Bafta Awards » et de 3 « Evening Standard British Film Awards », ainsi que, plus récemmentKenneth Branagh/UK-USA-Malte/2017/114’/ avec Johnny Depp & Michelle Pfeiffer).

Orient-Express at Train World - film and popular culture
Trains et Films © « Train World » © « Europalia »

D’autres affiches de films sont à (re)découvrir, dont celles de « Bons Baisers de Russie » (Terrence Young/UK/1963/ 115’/avec Sean Connerydans le rôle de « James Bond »/adaptation du roman (1957) de Ian Fleming/film lauréat, en 1964, du « BAFTA Award de la meilleure photographie britannique » {Ted Moore}) et de « Sherlock Holmes attaque l’Orient Espress » (Herbert Ross/UK-USA/1976/113’/avec Vanessa Redgrave/film nommé, en 1977, deux fois aux « Oscars »).

Ouverture : jusqu’au dimanche17 avril, du mardi au dimanche, de 10h à 17h (dernière entrée à 15h30). Prix d’entrée 14€ (11€, de 13 à 17 ans, dès 67 ans, pour les enseignants {0€, en accompagnant une classe}, guides touristiques belges & les personnes porteuses d’un handicap {14€ pour ce visiteur et son accompagnateur} / 10€, par membre d’un groupe de minimum 15 personnes / 9€, de 06 à 12 ans & pour les cheminots et leurs ayants droit / 5€, par élève d’une classe / 1€25, pour les « Article 27 » / 0€, pour moins de 6 ans & par accompagnateur d’un groupe de minimum 15 personnes) / 40€, par famille {2 adultes et 3 enfants, jusqu’à 18 ans, ou 1 adulte et 4 enfants, jusqu’à 18 ans}). Pour l’entrée au « Musée Keramis », à La Louvière (présentant des faïences produites aux XIXè et XXè siècles) : réduction de 2€, sur présentation du ticket d’ « Orient Express »Contacts : 02/224.74.37info@trainworld.beSite web : https://www.trainworld.be/Fermeture du Musée : du lundi 18 avril jusqu’au lundi 09 mai inclus, en raison du montage de la prochaine exposition temporaire.

« Orient Express, de l’Histoire à la Légende » (G. Picon) © « Snoeck »

LivreCatalogue : « Orient Express, de l’Histoire à la Légende » (Guillaume Picon/Ed. « Snoeck »/2021/240 p./49€).

Yves Calbert.

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