L’Appui de la « Fédération Wallonie-Bruxelles » pour un Cinéma en Péril


– 7.500€ pour les salles mono-écran et bi-écrans, programmant au minimum 15 séances par semaine.
– 15.000€ pour les complexes multi-écrans, programmant au minimum 30 séances par semaine.
Ce soutien est accessible aux salles de cinéma indépendantes, en activité durant les 12 derniers mois précédant la crise du « COVID-19 », sur le territoire de la « FWB »et dont au moins 30% de la programmation constitue des films reconnus « Art & Essai « et/ou européens, lors de l’exercice 2019.
« Les Géants » (Bouli Lanners), lauréat de 5 « Magritte », 2 Prix à Cannes & 2 « Bayards d’Or »/2011

Dès lors, le nouveau système d’aides à l’écriture et au développement prévoit,chaque année:
– 24 aides à l’écriture (12.500 € par aide, avec un passage de 16 à 24 aides octroyées) ;
– 12 aides au développement artistique (30.000 € par aide), visant à travailler les aspects artistiques du projet (écriture & réécriture du scénario, script doctoring, coaching, travaux de recherche) ;
– 6 aides au développement production (30.000 € par aide), destinées aux travaux de préparation de la production (recherche du financement, pré-casting, repérages, élaboration d’une stratégie de promotion et de distribution).
Ces évolutions, élaborées en concertation avec le secteur, permettront de miser sur davantage de projets en deveniret de mettre des moyens supplémentaires à disposition pour approfondir leur développement.
Dans le cas où un projet de long-métrage d’initiative belge francophone cumule toutes les aides à la création mises à disposition par le « CAC » (« Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel ») de la « FWB »(développement artistique, développement production, écriture et production), il pourra être soutenu à concurrence de 502.500 €, le« CCA » restant, ainsi, le partenaire privilégié des films belges francophones.
Cette réforme fait partie du plan de relance – créé en faveur de ce secteur durement touché par la crise sanitaire – dévoilé en mai dernier, étant l’aboutissement d’une proposition de décret, qui, portée par la majorité parlementaire, a été adoptée à l’unanimité.
A un autre niveau, en juillet dernier, Thierry Laermans, Secrétaire général de la « FCB » (« Fédération des Cinémas de Belgique »), déclarait à notre collègue de « Cinergie », David Hainaut : « Par réflexe culturel, l’influence française a longtemps été très présente, et elle l’est encore. Et si, côté flamand, on se retrouve donc face à un cinéma à deux voies, côté francophone, on reste encore assez fixé sur un cinéma d’art et essai, plus pointu. »
« Rosetta » (Jean-Pierre et Luc Dardenne), « Palme d’Or », au « Festival de Cannes », en 2015
Doit-on insister sur la qualité du cinéma belge francophone, de rappeler les nombreux Prix remportés par les films réalisés par Jean-Pierre et Luc Dardenne – dont deux « Palmes d’Or », du « Festival de Cannes », pour « Rosetta », en 1999, et « L’Enfant », en 2005, ainsi que six »Magritte », deux « César », et l’ « Oscar de la meilleure Actrice » (Marion Cotillard), en 2015, pour « Deux Jours, une Nuit ».
N’oublions pas, non plus, un film tel « Ernest et Célestine », de Stéphane Aubier, Vincent Patar et du Français Benjamin Renner, lauréat, en 2013, du « César du meilleur Film d’Animation », en 2014, de 3 « Magritte », et, de 2012 à 2014, de nombreux Prix, en Allemagne, au Canada, aux Emirats-Arabe-Unis, aux Etats-Unis, en France, en Inde et en Italie.
Et que dire de l’Ardennais Bouli Lanners (né Philippe Lanners), lauréat de deux « Magritte », comme acteur, en 2013, pour « De Rouille et d’Os », de Jacques Audiard, et en 2020, pour « C’est ça l’Amour », de Claire Burger, ses films remportant dix « Magritte », cinq, en 2017, pour « Les Premiers, les Derniers », et cinq autres, en 2012, pour « Les Géants », ce dernier film étant le lauréat, en 2011, de deux Prix, au « Festival de Cannes », deux « Bayards d’Or », au « FIFF », à Namur, et du« Grand-Prix » du« Festival International du Film de Dieppe ».
Mais revenons à Thierry Laermans, qui insiste pour que : « le cinéma francophone continue, et il a les atouts pour, à produire en parallèle (au cinéma« Art et Essais »/ndlr) des choses plus populaires pour son public, cela aiderait l’ensemble de son cinéma, y compris les films d’auteur ! Les productions populaires sont en fait nécessaires pour donner de l’oxygène à l’ensemble du secteur. Aller vers tous les publics et diversifier l’offre, c’est toujours porteur pour tout le monde. »
« Mulan » ne sortira pas en salles, au désespoir des exploitants © « Disney »/2020
… Et lorsque que Thierry Laermans évoque des productions populaires, nous éloignant du cinéma belge, nous ne pouvons que penser à ces « blockbusters » américains que tous les exploitants de salles attendent, partout en Belgique, tels « Mulan », qui, tant attendu, ne sortira pas en salles, « Disney » ayant pris la décision de le réserver à la plateforme « Disney + » (29,99 dollars pour pouvoir découvrir « Mulan »).
Ce lundi 10 août, dans « Le Soir », notre collègue Fabienne Bradfer rapporte le propos alarmiste deThierry Laermans : « Nous accusons une perte de de 80 à 90% de spectateurs, par rapport à l’an dernier… A cause du masque (devenu obligatoire/ndlr), la rentabilité a chuter de 25% (par rapport à la situation précédente, où il n’était que recommandé/ndlr)… Ceux qui avaient déjà des difficutés sont en train de couler. Pour beaucoup, il n’est pas rentable d’ouvrir, car c’est perdre de l’argent, plutôt que d’en gagner. »
Bruno Plantin-Carrenard, directeur d’ « UGC-Belgique » le confirme, ajoutant : « Quand les ‘gros’ ont faim, les ‘petits’ meurent de faim… On subit le climat anxiogène qui est entretenu par la succession de déclarations et de mesures. »
Néanmoins, dans son article, Fabienne Bradfer tempère quelque peu ce désespoir, rapportant que Nicolas Gilson, programmateur du« Palace », à Bruxelles, et Catherine Lemaire, programmatrice pour les salles des « Grignoux », à Liège et à Namur, déclarent tous deux : « Nos spectateurs sont fidèles, restent curieux et n’attendent pas le dernier ‘blockbuster’ américain », ce que nous avons pu vérifier ce mardi 12 août, au« Caméo », à Namur, où, en soirée, le préposé à l’accueil se réjouissait d’avoir vécu une « bonne journée, dans la situation actuelle. »
Notons, cependant que Catherine Lemaire ajouta : « On attendait ‘Mulan’… ça fait mal… oui, c’est une catastrophe, oui on est dans l’incertitude, mais ajouter à cela notre couplet pessimiste n’arangera rien. Il faut donner des perspectives aux spectateurs. »
Par rapport aux Festivals qui s’annoncent, en septembre, Nicolas Gilson, directeur de la programmation, au « Palace », à Bruxelles, confiait son inquiétude à Fabienne Bradfer : « Comment faire des ouvertures avec 100 personnes ? Comment gérer le carcatère festif et événementiel des festivités ? Il y aura une frustration des spectateurs et un manque à gagner. »
« Des Hommes » (Lucas Belvaux), labellisé « Cannes 2020 », en Ouverture du « BRIFF »/2020
… Des soucis que doivent se faire, en ce moment, Céline Masset et Pascal Hollogne, les directeurs artistique et général du « BSFF » (« Brussels Short Film Festival »), reprogrammé du mercredi 02 au samedi 12 septembre et du« BRIFF » (« BRussels International Film Festival », reprogrammé du jeudi 03 au dimanche 13 septembre, ainsi que Nicole Gillet, Déléguée générale du« FIFF » (« Festival Intenational du Film Francophone »), prévu du vendredi 02 au vendredi 09 octobre.
Belle illustration de la qualité de notre cinéma belge francophone, le Namurois Lucas Belvaux a vu son film « Des Hommes » être retenu pour le « Festival de Cannes » 2020. Ce dernier étant annulé, « Des Hommes » portera le label « Cannes 2020 », lors de la « Soirée d’Ouverture » du « BRIFF ».
Concluons avec deux autres notes positives, en nous réjouissant que, d’une part, les auteurs vont recevoir, chaque année, une enveloppe, à se partager, de 840.000 €, alors que, d’autre part, à titre exceptionnel, les exploitants de cinémas de proximité, de quartiers vont pouvoir reprendre leur souffle, grâce à l’enveloppe de 645.000 € qu’ils vont pouvoir se partager, grâce aux décisions de la Ministre de la Culture de la « Fédération Wallonie-Bruxelles« .
Il ne nous reste plus, à nous tous, qu’à nous rendre en salles, afin que le Cinéma puisse continuer à nous réjouir et à succiter des vocations, pour tous les métiers qui le font vivre…
Yves Calbert.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.