
« Office du Soir » (1971) © « Fond. P. Delvaux-SABAM »/2020 © Ph. : Marie-Françoise Plissart
Locomotives et « Les trois Lampes » (1964) © « Fond. P. Delvaux-SABAM »/2020 © Ph. : V. Everarts
« Les Ombres » (1965) © « Fondation Paul Delvaux-SABAM »/2020 © Photo : D.R.
« Prendre le train vers Huy était dans l’enfance de Delvaux une promesse de libération imminente… »
« Les gares d’antan ont, pour nous, le charme des choses passées… Elles ont aussi une certaine poésie un peu mélancolique, elles sont poussiéreuses et enfumées, nous les regardons avec les mêmes yeux que les maisons de nos grands-parents, pleines de souvenirs. C’est avec une certaine tendresse que nous considérons ces vieilles gares, les grandes avec leur verrière, les petites avec leurs auvents vitrés, nous les avons vécues enfants et elles ont fait partie de notre vie quotidienne… Les vieilles gares… s’en vont les unes après les autres… C’est dommage, et, pour nous, c’est une partie de notre jeunesse qui disparaît avec elles » (Paul Delvaux/08 mai 1978) (*p. 21).
La vaste salle des pas perdus (ou des guichets), édifiée entre 1864 & 1869 © « Train World »/2020
De retour,… en train, de l’« Exposition universelle de Paris », en 1900, les parents du futur peintre, lui offrent, alors qu’il était âgé de 3 ans, « une petite locomotive et ses wagons : sa jeune imagination en fut galvanisée. Faut-il voir dans ce cadeau ordinaire la genèse d’une passion qui allait durer une vie » (Camille Brasseur/*p. 214). Ce fut, en tout cas, le début d’une collection de modèles réduits ferroviaires…
« Prenez dans une gare mystérieuse un de mes petits trains discrets et nocturnes. Il vous mènera vers la paix du coeur et de l’esprit » (Paul Delvaux/*p. 214)
Paul Delvaux « fréquente les gares depuis l’enfance, voyageant avec ses parents, qui retournaient régulièrement voire la famille au village. La Gare du Luxembourg (à l’époque appelée Quartier Léopold/ndlr), à Ixelles, était leur point de départ pour se rendre à Antheit. » (Camille Brasseur/*p. 18)
Aussi, avant de nous rendre dans les vastes salles de « Train World », sur un côté de l’immense salle des guichets, prenons un petit ascenseur, afin de découvrir une salle aux dimensions réduites, riche de ses premiers dessins et « pemières toiles (qui) révèlent qu’il est, avant tout,… un ‘homme qui aimait les trains’ « (Camille Brasseur/*p. 09), … d’où l’intitulé de cette superbe exposition.
L’une de ses palettes, des pinceaux et une locomotive miniature de sa collection © Ph. : B. Van Tricht
Alors qu’enfant, il révaît de devenir chef de gare, le le 28 novembre 1984, il était fait chef de gare d’honneur, par le Ministre des Transports, de l’époque, Herman De Croo. Son képi et son sifflet nous sont présentés dans cet espace réduit, où nous trouvons, également, l’une de ses palettes de peintre, présentée avec quelques-uns de ses pinceauxet une locomotive à vapeur miniature, de sa colection personnelle, ainsi qu’une trentaine de dessins, d’études préparatoires et d’encres de Chine aquarellées. Outre la Gare du Quartier Léopold (inaugurée en 1854 et rebaptisée Gare de Bruxelles-Luxembourg, le 28 mai 2000), nous découvrons sa vision d’autres gares de moindre imortance, comme celles d’Antheit, Marchin, Huy, Spa ou Statte.
Paul Delvaux, Chef de Gare d’Honneur, à Louvain-la-Neuve (1984) © « Fond. P. Delvaux-SABAM »/2020
Sur l’une de ses premières oeuvres, réalisée dans les années ’20, nous trouvons l’ancien fourgon à marchandises « Flamme », dont un modèle original est présenté, face au musée, sur la Place Princesse Élisabeth.
Un modèle original d’un fourgon marchandises « Flamme », devant l’entrée de « Train World » © « SNCB »
François Schuiten – le réalisateur de la scénographie époustouflante de « Trainworld » et de « L’Homme qui aimait les Trains », dessinateur de BD, entre autres de la série « Les Cités obscures » (1983-2009/scénarios de Benoît Peters), primé en Allemagne, en France, aux Etats-Unis, au Japon et en Belgique, lauréat, entre autres, en 1981, du « Grand-Prix Saint-Michel », à Bruxelles, et, en 2002, du« Grand-Prix de la Ville d’Angoulème » – nous confiait : « Tout l’amour que l’artiste portait au rail était déjà présent. L’osmose entre l’inspiration de sa peinture et le musée est parfaite, comme si cet écrin avait été créé sur mesure pour ses tableaux ! L’épopée du chemin de fer est surtout celle du temps des locomotives à vapeur, un monde aujourd’hui disparu qui a marqué son univers mental. »
François Schuiten, le scénographe de l’exposition et de © « Train World »
Quant à Suzanne Houdart-Wilkin, son propos est, aussi, repris dans le catalogue : « Il dessine comme il respire, médite ou rêve, créant des oeuvres nées de l’effervescence émotive, qui dicte un trait rapide… »
« Les Cheminots de la Gare du Luxembourg » (1922) © « Fond. P. Delvaux-SABAM »/2020
« Gare de Luxembourg sous la Neige » (1922) © « Fond. P. Delvaux-SABAM »/2020 © Ph. : V. Everarts
Mais il est temps d’évoluer à l’extérieur, à l’arrière des bâtiments, afin de gagner l’entrée réelle de « Train World », fort de son univers théâtral et multisensoriel, en suivant une petite fille à la robe rouge, chère à Paul Delvaux, qui, figurant sur plusieurs de ses peintures, est, ici, peinte sur des panneaux, afin d’être notre guide, nous permettant d’évoluer entre les toiles du maître, de l’exposition temporaire et le matériel ferroviaire historique, de la collection permannente de « Train World ».
Les impressionnantes locomotives à vapeur du Hall 1 © « Train World »
Ainsi, dans le Hall 1, nous découvrons d’imposantes locomotives à vapeur et six tableaux de Paul Delvaux : « La Gare » (1921-1922), « Les Cheminots de la Gare du Luxembourg » (1922), « Gare de Luxembourg sous la Neige » (1922), « Le dernier Wagon » (1975), « Office du Soir » (1971) et « Les trois Lampes » (1964).
Locomotives et « Les trois Lampes » (1964) © « Fond. P. Delvaux-SABAM »/2020 © Ph. : Vincent Everarts
Concernant cette dernière oeuvre, exposée à la droite de deux locomotives, Camille Brasseur écrit dans son fort intéressant livre-catalogue (*p. 120-121) : « Le tableau est animé par une série de points lumineux, qui retiennent l’attention et donnent du frelief à cette nuit d’hiver. Le regard rebondit d’une petite fille (peinte de dos comme à l’habitude du peintre/ndlr), habillée d’une robe à dentelle, avec une colorette blanche, à une grande dame à la poitrine offerte. L’oeil s’accroche ensuite aux trois lampes à pétrole dont la lumière se réfléchit dans la structure métalique de la marquise qui les porte. »
« Les trois Lampes » (1964) © « Fondation Paul Delvaux-SABAM »/2020
« Aux wagons éclairés répondent les réverbères extérieures, tandis que plusieurs points rouges, signaux ou feux ferroviaires,ponctuent l’ensemble. Delvaux se plaît à jouer avec différentes sortes d’éclairages qui, comme au théâtre, impactent sur la perception et peuvent instaurer un climat énigmatique. Subtilement soulignées de lumière jaune, quelques branches d’arbres se distinguent de la forêt sombre. Elle paraît immense face aux deux petits enfants plantés à l’avant plan. »
A noter que ni la « Fondation », ni le « Musée » ne bénéficient du moindre subside. Leur création est le fait de la générosité de l’artiste, leur fonctionnement actuel étant assuré grâce à la perception des droits d’auteurs, mais aussi grâce à la contribution de tous les visiteurs du « Musée ».
Pour clôturer cette présentation laisons le verbe à l’anthropologue français, Claude Lévi-Strauss (1908-2009), décédé à l’âge de 100 ans :« Delvaux manie le clair-obscur en virtuose, mais sa façon de l’employer s’éloigne du simple réalisme. Dans les scènes qu’il représente, les éclairages ne se plient pas docilement aux lois de l’optique. Le jeu des ombres et des lumières possède son propre rythme. »
Règles à repecter pour toute visite :
« Train World » vous remercie de respecter ces mesures mises en place pour la sécurité de tous, et grâce auxquelles vous pourrez à nouveau admirer nos collection permanente et exposition temporaire en toute sérénité.
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