« Giorgio de Chirico, aux Origines du Surréalisme », au « BAM », à Mons, jusqu’au 02 Juin

En prolongation de « Mons 2015, Capitale européenne de la Culture », dans le cadre de « Mons, Capitale culturelle », le « Musée des Beaux-Arts de Mons » (« BAM ») nous propose, actuellement, sa très belle exposition temporaire « Giorgio de Chirico – Aux Origines du Surréalisme belge – Magritte, Delvaux, Graverol », une expo parrainée par l’Ambassade d’Italie, à Bruxelles, bénéficiant d’un prêt exceptionnel du « Musée d’Art moderne de la Ville de Paris », organisée en partenariat avec les archives audiovisuelles de la « Sonuma », qui assure la numérisation, la préservation et la valorisation de différents fonds audiovisuels de la « Fédération Wallonie-Bruxelles ».
Affiche, « Place d’Italie, avec Statue » (Giorgio de Chirico)
Au sein de ce fort joli Musée – de 5.000 m2 de superficie, répartis sur 3 niveaux, dont 2.000 m2 accueillent les expositions temporaires, 72 caméras « intelligentes » étant connectées à une salle de contrôle, un auditorium de 60 places et un jardin de 600 m2 pouvant accueillir les visiteurs -, nous pouvons parcourir deux expositions temporaires, « Le Surréalisme dans les Collections montoises », ouverte jusqu’au dimanche 05 janvier 2020, et celle consacrée à Giorgio de Chirico (1888-1978), jusqu’au dimanche 02 juin 2019.

« Autoportrait » (Giorgio de Chirico/1949/40 x 30 cm) (c) « Musée d’Art moderne de la Ville de Paris »
Dès l’entrée de l’exposition, nous trouvons un autoportrait (1949) de Giorgio de Chirico (1949), jouxtant le portrait (1915/41 x 33 cm) qu’il peint de Paul Guillaume (1891-1934), marchand d’art visionnaire que lui présenta Guillaume Apollinaire (1880-1918) et qui, durant la« Grande Guerre », exposa, à Paris, ses œuvres de sa période dite « métaphysique ».
« L’Incertitude du Poète » (Giorgio de Chirico/1913/106 x 94 cm) (c) « Tate Images »/ »SABAM Belgium »
Dans une virtine voisine, illustrée à l’encre sur papier, de la main de Paul Delvaux (1897-1994), nous trouvons une lettre (27,5 x 21,3 cm) de ce dernier, datée du 04 juin 1975, rédigée en ces mots : « Cher Giorgio de Chirico, C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai vu votre exposition à Paris, …, que j’ai pu enfin faire connaissance de l’artiste que j’admire tant, et qui eut sur moi une influence si décisive. Cette visite a été un grand étonnement pour moi et j’en garderai le souvenir ému… »
Dans les différentes salles, des panneaux nous révèlent quelques propos de différents artistes, concernant Giorgio de Chirico, né à Volos, en Grèce, de parents italiens, et qui, avant de s’installer à Paris, étudie l’art et la philisophie à Munich, s’offrant un bref mais inspirant séjour à Florence, s’installant quelques années à Ferrrare, deux villes où il découvre des … « Places d’Italie » désertes et mystérieuses, … à une époque où le tourisme de masse n’existait pas…
Critique d’Art, Jean-Louis Sosset écrivit, en 1969 : « L’étrange sensation d’immobilisme, de silence et de temps d’arrêts qui émanent de ses tableaux, aux lumières spectrales, devaient subjuger les protagonistes du surréalisme« .
« La Mélancolie d’une belle Journée » (Giorgio de Chirico/1915/69,5 x 86,5 cm) (c) « SABAM Belgium »
Percevant la poésie et le mystère des « Places d’Italie » peintes par Giorgio de Chirico, Paul Delvaux déclara :« Ce qui m’a marqué, c’est essentiellement le mystère des rues désertes, les ombres, le soleil, ce chaud soleil d’Italie, qui baigne les rues au couchant, et la statue représentant une femme couchée, immobile, toute seule au milieu de la place. Les ombres qui s’allongent sur le sol. Il y a là une poésie du silence extraordinaire; Il n’y a personne. Les objets parlent, ils sot là… » (catalogue, p.22 & 23)
« Place d’Italie, avec Statue » (Giorgio de Chirico/1965-1970/40x 41,50 cm) (c) « SABAM Belgium ’19 »
Paul Delvaux, encore lui, écrivit, en 1973 : « J’ai été influencé par tous ces peintres que j’admirais, mais ils ne me satisfaisaient pas complètement. Il y avait autre chose que je voulais trouver. Je ne savais pas encore exactement ce que cela pouvait être. C’est alors que j’ai découvert Giorgio de Chirico, qui, lui, tout à coup, m’a mis sur la voie… J’ai découvert, … grâce à lui, que la peinture n’était pas, uniquement, de la peinture. C’est aussi de la poésie… » « L’Hermitage » (Paul Delvaux/1963) (c) « Foundation Paul Delvaux » / « SABAM Belgium 2019 »
… Et le peintre belge de s’imprégner dans ses propres peintures de ce climat poétique et merveilleux, déclarant, en 1935 : « Je me suis inspiré de cette atmospère peinte par Chirico ; il employait des couleurs chaudes, moi j’ai fait la même chose avec du gris… Je suis un homme du Nord… » (catalogue, p. 23)
Au delà d’une vision poétique de la peinture, Paul Delvaux partage, avec Giorgio de Chirico, un intérêt pour l’univers de Jules Vernes (1828-1905), pour le monde ferroviaire, ainsi que pour la mythologie et l’Antiquité.
« L’Aube sur la Ville » (Paul Delvaux/1940/175 x 202) (c) « Foundation P. Delvaux » / « SABAM Belgium »
René Magritte (1898-1967), de son côté, écrivit, en 1959 : « Il est le premier qui ait pensé à faire parler la peinture d’autre chose que de peinture… »
Il ajouta, en 1967 : « Lorsque j’ai vu, pour la première fois, la reproduction du tableau de Chirico, ‘Le Chant d’Amour’, ce fut un des moments les plus émouvants de ma vie : mes yeux ont vu la pensée pour la première fois… »
« Les Archéologues » (Giorgio de Chirico/1927/132,6 x 105,3 cm) (c) « SABAM Belgium 2019 »
En regard des oeuvres de Giorgo de Chirico – parmi lesquelles sept d’une rareté exceptionnellles, car réalisées pendant sa période métaphysique (1910-1919), ainsi qu’un très bel ensemble des années ‘20 -, cette exposition nous présente une dizaine de toiles de chacun des trois peintres belges, afin de mieux comprendre l’impact majeur que ce peintre italien a pu exercé sur leur travail.
Davantage qu’une influence, on peut parler de filiation, tant ils lui ont emprunté, chacun avec leur propre personnalié, une approche poétique de la création, une atmosphère mystérieuse, une liberté de représentation.

« Mannequins coloniaux » (Giorgio de Chirico/1969/49 x 26 x 38 cm) (c) « SABAM Belgium 2019 »
Au sujet de ses autoportraits, Anne Verger écrivit : « L’étude du fonctionnement de l’ironie et de l’humour dans les autoportraits de Chirico montre qu’il conçoit le visible comme une énigme car il refuse d’adhérer à l’évidence. L’artiste, en disant le contraire de ce qu’il pense et en se ridiculisant, propose une autre image de sa personne et réussit à devenir spectateur de son ego pour apparaître un autre et peut-être se démasquer lui-même. »
Fondatrice de la peinture métaphysique, l’oeuvre de Giorgio de Chirico – gourou de célèbres surréalistes – est immense, non seulement par la multitude de tableaux qu’il a réalisés, mais également par le rayonnement que ces derniers ont eu sur ses contemporains…
« Mélancolie hermétique » (Giorgio de Chirico/1919/62 x 49,5 cm) (c) « SABAM Belgium 2019 »
« Portrait de Georgette au Bilboquet » (R. Magritte/’26/55 x 45) (c) « Succession Magritte » / « SABAM »
« L’esprit de Chirico était si imprégné de mythes grecs, que le réel et l’irréel n’avaient poas, pour lui,de limites précises » (Isabella de Chirico, son épouse).
… Et n’oublions pas de visiter l’autre exposition temporaire du « BAM », « Le Surréalisme fdans les Collections montoises », au sein de laquelle des oeuvres d’ artistes montois, hennuyers, français ou encore américains, conservés dans leurs collections, nous plongent dans les multiples facettes de ce courant artistique international, ces oeuvres provenant des collections permanentes du Musée.
Ouverture: du mardi au dimanche, de 10 à 18h. Prix d’Entrée, incluant la seconde exposition temporaire et les collections permanentes : 9€ (6€ de 6 à 25 ans / 3€, par membre d’une famille / 2€, de 06 à 17 ans inclus / 0€, pour les moins de 6 ans). Livret, reprenant le descriptif de caque thématique et le plan de l’expo : offert à l’entrée /Catalogue (Ed. « Mardaga »/2019/cartonné/144 p.) : 29€90. Site web : http://www.bam.mons.be.
Yves Calbert.
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