Le billet de Pol Hémick

L’EUROPE, CETTE VIEILLE DAME GANGRENÉE !

On se souvient de la fringante Europe mythologique, aux travers des flots emmenée de Phénicie vers notre continent par Jupiter métamorphosé en taureau. Elle était jeune, elle était belle, tous les espoirs étaient permis…Las ! Abandonnée des dieux, les affres du temps sont passés sur elle et, incapable dorénavant de prendre le taureau par les cornes, elle ne peut plus se raccrocher aujourd’hui, dans les stades olympiens standardisés, qu’au col des Jupiler : allez savoir pourquoi !?

« Sous la lune et devant les fleurs, je m’enivre : ne nous occupons pas de bonheur ni de malheur ! » (SU CHE, Yu-mei-jen.) Cette ivresse des profondeurs, qui rend inconscients ceux qui – des plus hauts sommets – descendent trop vite vers l’abîme, ne cache qu’un mal existentiel, une attente de la mort… car l’Europe est malade, malade à en crever. Son système circulatoire sclérosé ne remplissant plus ses fonctions vitales, elle s’est sentie – il y a peu – un besoin de sang neuf et quelque carabin, ne possédant pas toutes ses facultés, lui a alors prescrit la greffe. Mais l’implant a très mal pris et la gangrène s’est installée. Pourtant, se rattachant au souvenir de son glorieux passé, l’ancêtre refuse d’accepter son état de santé déplorable. « Couper un membre pour enrayer le mal ? Vous n’y pensez pas ! Regardez comme, en dehors de quelques chairs nécrosées, la majorité du greffon se porte tant bien que mal. »… C’est le cerveau qui parle, celui qui la dirige. Mais ses yeux, eux, ceux qui voient, ne cessent de lui transmettre des signaux d’alarme annonçant que la mort se transmet de proche en proche dans ses tissus. Cela, bien sûr, dérange les certitudes d’un intellect assez gauche forgé sur l’expérience et les valeurs d’un passé – Hélas ! – révolu. Alors, on invente d’autres noms pour la maladie, faisant semblant de croire à une atteinte bénigne et passagère. Ça ne guérit pas mais réconforte psychologiquement la malade. Le corps entier, cependant, ressent de plus en plus la mortification qui s’avance. « Qu’à cela ne tienne ! Cachons cette putréfaction que l’on ne saurait voir avec un tissu de mensonges et, au besoin, faisons appel au bandeau de Thémis afin d’aveugler les regards trop pénétrants. »

Au chevet du grabat d’une Europe qui s’est définitivement couchée, nous assistons présentement à son suicide programmé par déni de la réalité. La gangrène s’est propagée, l’a atteinte au cœur et elle est à l’agonie. Le seul « espoir » restant serait, sous la docte direction spirituelle de ses frères musulmans, de prier ISIS – la déesse du Ni(hi)l-isthme – pour renaître « Allah vie »… mais cette solution ultime permet de comprendre pourquoi de nombreux pays occidentaux ont préféré légiférer en faveur de la demande d’euthanasie !

Nos politiciens ont enté à notre civilisation des éléments dont certains ne lui étaient pas compatibles, ont préféré dissimuler leur erreur plutôt que d’arracher sans pitié les boutures néfastes avant qu’elles ne contaminent les autres, ont nié le mal en préférant affubler des pires noms d’oiseaux les augures visionnaires, ont minimisé le danger sous un verbiage abstrait visant à ne pas appeler un chat un chat et à faire passer les criminels pour nos victimes, ont légiféré pour faire taire les tocsins trop bruyants… et nous apprenons que des négociations sont en cours avec les géants du Web afin que – sous prétexte que leur diffusion inciterait les nuisibles qui nous étouffent à pouvoir nous agresser un peu plus – les vidéos des exactions barbares commises par les djihadistes nous soient désormais inaccessibles. « Circulez, y’a rien à voir ! Dormez sur vos deux oreilles, il est plus agréable de mourir idiot, brusquement frappé d’un couteau dans le dos, que de voir venir la mort en face. »

Il fut un temps où nous avions des responsables politiques : nous n’avons plus, à notre tête, que des irresponsables, des lâches et des vendus. Que le Ciel nous vienne en aide !

Pol Hémickh