De la BD au Film : « Yakari »

« Yakari, la grande Aventure » (Toby Genkel & Xavier Giacometti) © « Bac Films »
Le 12 décembre 1969, dans l’hebdomadaire suisse « Le Crapaud à Lunettes », deux auteurs suisses, le dessinateur Claude de Ribaupierre (°1944), alias« Derib », et le scénariste André Jobin (°1927), dit « Job », unirent leurs talents pour donner naissance à« Yakari », le premier album étant édité par « Dargaud », en avril 1973.
Une case BD de « Yakari » © « Derib » & « Job »/Ed. « Le Lombard »
Ensemble, ils furent les auteurs de 38 albums, le 39è , en 2016, voyant le scénariste français Joris Chamblain prendre la relève de« Job »,« Derib » étant le dessinateur des 40 albums édités, le dernier, « L’Esprit des Chevaux », l’ayant été, en 2019, par« Le Lombard », qui avait reprit l’édition de« Yakari », depuis le 25è tome, en 1999, « Casterman » ayant été l’éditeur de 1977 (3è album) à 1998 (24è), les 40 tomes étant, maintenant, édités par « Le Lombard ».
Le tome 40 de « Yakari » © « Derib » & Joris Chamblain/Ed. « Le Lombard »/1999
Notons que « Derib » remporta de nombreux Prix, ayant été récompensé 4 fois au« Festival de la Bande dessinée d’Angoulême », dont deux fois, avec « Job », pour « Yakari », en 1983, pour le tome 6 : le « Prix Alfred Enfant » et, en 2006, pour le tome 31 : le « Prix Jeunesse 7-8 ans », ayant reçu, en 1978, le « Prix du meilleur Dessinateur étranger » et, en 1998, le « Prix oecuménique de la Bande dessinée », pour son« one shot » intitulé « Pour toi Sandra ». A Bruxelles, il remporta, en 1975, le« Grand-Prix Saint-Michel », pour le tome 1 de sa série« Budy Longway ». En Allemagne, en 1994, il reçut le « Prix Max et Moritz de la meilleure Publication de Bande dessinée », pour l’un de ses albums western,« Red Road ». Enin, en 2019, l’ « Académie suédoise de la Bande dessinée » lui octroya son « Prix Adamson du meilleur Auteur international pour l’Ensemble de son Oeuvre ».
Après avoir terminé ses études secondaires, ce citoyen suisse – dont le père, François de Ribaupierre était un artiste peintre – devint, à 19 ans, Bruxellois, travaillant dans une maison de publicité, avant d’apprendre l’art de la BD chez « Peyo » (Pierre Culliford/1928-1992), le secondant dans la réalisation de planches des « Schtroumpfs », perfectionnant son apprentissage autodidacte au contact de ceux qui devinrent ses amis, André Franquin (1924-1997),« Gos » (Roland Goossens/°1937),« Greg » (Michel Greg/1931-1999), « Hergé » (George Remi/1907-1983),« Jijé » (Joseph Gillain/1914-1980) et François Walthéry (°1946).
« Yakari », en version BD © « Derib » & « Job »/Ed. « Casterman »
Très attaché à l’humain, étant l’un des fondateurs, en 1989, de l‘association « Fondation pour la Vie », il est l’auteur de bandes dessinées traitant de sujets tels que le sida (« Jo »/1991/Ed.« Le Lombard »), la prostitution (« Pour toi Sandra »/1996/& « Dérapages »/2009/Ed.« Mouvement du Nid ») ou la délinquance (« No Limits »/ 2000/Ed.« Le Lombard »). Aussi, pour cet attachant auteur, « Yakari » est une série nécessaire pour, comme il aime le dire :« (lui) permettre une sorte de récréation entre deux albums plutôt réalistes. »..
Simplement titré « Yakari », le tome 01 © « Derib » & « Job »/Ed. « Dargaud »/1973
… Par ailleurs, à« bdtheque.com »,« Derib » confia que se sont ses lectures de « Corentin chez les Peaux-Rouges », de Paul Cuvelier (1923-1978) et de la série des« Jerry Spring », de« Jijé », qui lui donnèrent son intérêt pour la Culture amérindienne.
Des dessins qui sotent des cases, dans « Buddy Longway » © « Derib »/Ed. « Le Lombard »
A noter, que c’est son envie de mettre la nature en valeur qui l’incita à« éclater » son découpage, « Buddy Longway » (Ed. « Le Lombard ») étant l’une des premières séries où l’on voit le dessin « sortir des cases », faisant de lui l’un des novateurs de la BD.
« Job » (André Jobin) © Georges Henz
« Job », quant à lui, avant de venir s’établir à Nîmes, poursuivit ses études à Lille, y étant diplômé de l’« École supérieure de Journalisme » et de l’« Institut des Sciences sociales et politiques ». Outre deux Prix partagés avec « Derib », au« Festival de la Bande dessinée d’Angoulême », il obtint, en 1991, une« Maîtrise d’Honneur pour l’Ensemble de son Oeuvre », au « Festival de la Bande dessinée de Sierre ».
Soulignons que « Yakari » fut aussi le nom d’un mensuel, qui, créé, en 1974, par« Job », cessa de paraître en 1995, tous les épisodes des aventures de « Yakari » y ayant été publiés, jusqu’au tome 22, « La Fureur du Ciel ».
Mais venons en au premier long-métrage consacré à « Yakari », sortant cette semaine en salles : « Yakari, la grande Aventure » (Toby Genkel & Xavier Giacometti/Fra.-All.-Bel./2019/78′).
« Yakari, la grande Aventure » (Toby Genkel & Xavier Giacometti) © « Bac Films »
Synopsis :« Alors que la migration de sa tribu est imminente, ‘Yakari’ le petit Sioux part vers l’inconnu pour suivre la piste de ‘Petit-Tonnerre’, un mustang réputé indomptable. En chemin, ‘Yakari’ fera la rencontre magique de ‘Grand-Aigle’, son animal totem, de qui il recevra une superbe plume… et un don incroyable : pouvoir parler aux animaux… »
« Yakari, la grande Aventure » (Toby Genkel & Xavier Giacometti) © « Bac Films »
Avis de la Presse :
– par Fabienne Bradfer, pour « Le Soir » : « Le cinéma pour ‘Yakari’, c’est une première. Et visuellement, c’est une réussite. La transposition (de la BD) au cinéma fonctionne parfaitement… L’histoire, tout en douceur et 100% positive est enfantine, mais c’est joliment efficace pour le jeune public. Le film qui invite à vivre en harmonie avec ce qui nous entoure devrait donc toucher sa cible en plein coeur… (Son) but, c’est de montrer le respect de la nature, des animaux et de soi-même. »
– par Gilles Tourman, pour « Les Fiches du Cinéma » : « Une superbe adaptation de la BD éponyme. »
– par
emarquable et dépaysant, ce film d’animation plein de jolis messages reste fidèle tant à l’esprit de la BD comme de la série, tout en enrichissant son graphisme : les enfants vont adorer. »– par
Le film a un point fort : une direction artistique maîtrisée, loin des codes de l’animation 3D à la façon des Shrek. »– par
Un film parfaitement adapté pour les petits (et les grands) enfants… tendre fidélité graphique à l’oeuvre originelle. »– par Xavier Leherpeur, pour « Closer » : « Le scénario est à l’image de son héros : fougueux et malicieux. »
– par sa Rédaction, pour « Voici » : « Un joli film à l’animation sobre et colorée. »
« Yakari, la grande Aventure » (Toby Genkel & Xavier Giacometti) © « Bac Films »
Ce mardi 12 août, Manon Botticelli, écrivait pour« France Télévisions » : Ce film « est tiré du tout premier album de ‘Derib’ et ‘Job’, ‘Yakari et Grand Aigle’, publié en 1973. L’occasion de présenter le personnage à une nouvelle génération d’enfants et d’installer les principaux axes narratifs, notamment le don qu’obtient ‘Yakari’ de parler avec les animaux et son amitié avec ‘Petit Tonnerre’, le mustang le plus rapide de la plaine. »

Xavier Giacometti – qui avait, dès 2005, réalisé quelques 152 épisodes télévisés de « Yakari » – lui confia : « Ce qui est fort dans ce que ‘Derib’ et ‘Job’ ont créé, c’est que ‘Yakari’ peut évoluer sur tous les supports… 0n s’est dit que ‘Yakari’ était fait pour le cinéma. Tous les ingrédients sont là : les grands espaces, l’aventure et ce monde sauvage, vu à travers les yeux d’un petit Sioux de six ans… Mais c’était un rêve, un rêve complètement fou ! L’idée a fait son chemin.


« Yakari, la grande Aventure » (Toby Genkel & Xavier Giacometti) © « Bac Films »

« Yakari, la grande Aventure » (Toby Genkel & Xavier Giacometti) © « Bac Films »
Dans le « Mad » du « Soir », ce mercredi 13 août, Fabienne Bradfer évoquait sa rencontre avec« Derib », lui demandant si‘ Yakari’ était facile à animer et si ce film pouvait offrir une nouvelle jeunesse à un personnage qu’il avait dessiné une première fois, alors qu’il travaillait pour « Peyo », entouré de « Schtroumpfs » :« Non, car il a été créé pour la BD, pas pour l’animation. Contrairement à ‘Mickey’ ou ‘Donald’. Les animateurs ont eu du mal avec la tête de ‘Yakari’ et il a fallu que je collabore activement pour qu’on arrive tous à retracer graphiquement ses émanations. Il y a eut un travail au fil des années, pour améliorer la chose et, avec la 3D, on a réussi quelque chose de sympa, qui me convient mieux que pour la série télé… (Ce film) maintient, je crois l’intérêt que nous avons maintenu depuis 50 ans… De nos jous, il y a une crise de la BD… Une série qui n’est pas relayée par la télé ou le cinéma a bien du mal à survivre… »
Quant à la question de Fabienne Bradfer concernant ses projets, il répondit : « Ce sera le 41è album, ‘Le Fils de l’Aigle’, où l’on retrouvera les personnages phares du film… ‘Yakari’ (étant) le seul à pouvoir sauver un aigle… Job a 92 ans, il est fatigué. Et s’il y a un 42è album, ce sera avec Giacometti, qui est aussi dessinateur. Il est tellement plongé dans ‘Yakari’ depuis 15 ans, qu’il est la personne, avec moi, la plus proche du personnage. Je lui fais une confiance totale. »
Un dessin de l’un des réalisateurs du 1er long-métrage de « Yakari » © Xavier Giacometti
… Ainsi donc, ce sera l’un des deux réalisateurs du film qui deviendrait des deux auteurs de la série de BD « Yakari »… Un bien beau duo d’auteurs en perspective ! … Longue vie à « Yakari », en n’oubliant pas ce que « Grand Aigle » lui dit, dans le film : « celui qui fait le bien autour de lui est un brave« , ce qui constitue l’ADN de « Yakari »…

« Yakari, la grande Aventure » (Toby Genkel & Xavier Giacometti) © « Bac Films »
Alors, bien vite, allons découvrir la série de péripéties, qui entraîne « Yakari » dans ce voyage initiatique, porté par de superbes paysages nimbés de lumière, les couleurs évoluant en fonction de l’état d’esprit de notre petit Sioux.
Yves Calbert.
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