UN NOUVEAU RAPPORT POUR NOURRIR LES DEBATS SUR LE RACISME

Le Centre interfédéral pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme et les discriminations a présenté aujourd’hui son rapport annuel 2013 : « Discrimination / Diversité, pour un plan d’action interfédéral contre le racisme ».

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Le Centre interfédéral pour l’égalité des chances appelle les prochains gouvernements à élaborer et à réaliser un plan interfédéral de lutte contre le racisme. Le rapport annuel paru aujourd’hui aspire à renforcer cette action. L’organisme insiste sur le fait qu’il est prioritaire d’inscrire ce plan dans les accords gouvernementaux après les élections du 25 mai. Patrick Charlier, directeur adjoint, explique que ce plan d’action doit concerner tous les domaines sociétaux : « Les pouvoirs publics fédéraux, les autorités régionales et des Communautés, ainsi que les autorités locales ont tout intérêt à se concerter sur une stratégie commune, une approche conjointe. Ils réaliseraient ainsi une promesse faite juste après la conférence mondiale contre le racisme de Durban en 2001, réitérée maintes fois, mais jamais réalisée ». La Belgique a d’ailleurs été montrée du doigt pour avoir failli à certaines de ses obligations et engagements en la matière, tant par les Nations Unies que par le Conseil de l’Europe.

Jozef De Witte, le directeur du Centre, rappelle que la discrimination est toujours présente et que le débat se culturalise au dépens des priorités; l’emploi, l’enseignement et le logement. Trois points forts qui sont développés et analysés dans le rapport. Et comme le dit si bien Patrick Charlier « mesurer c’est savoir ». Alors l’organisation s’est constituée tout un panel de recherches et d’études de manière à avoir une vision la plus correcte et précise de la discrimination raciale. Elle a mis en place le Baromètre de la diversité qui a pour objectif de mesurer trois volets distincts; le degré de tolérance de la population, le degré de discrimination et le degré de participation. Tous les deux ans, le Centre publie ce Baromètre en alternant entre les domaines de l’emploi, du logement et de l’enseignement.

Premier point central; le travail. Les indicateurs montrent que le degré de participation des personnes étrangères ou d’origine étrangères au marché du travail est faible. La société belge reste peu inclusive. Patrick Charlier rappelle que « le Monitoring socio-économique, publié en 2013, confirme l’existence d’une ethnostratification de l’emploi, reléguant dans l’inactivité ou dans la précarité et la pénibilité des emplois les personnes étrangères ou d’origine étrangère ». Le taux d’emploi des hommes d’origine étrangère est de 54.9%, celui des hommes d’origine belge de 78.3%. Celui des femmes d’origine étrangère demeure encore inférieur et atteint les 41.7%.

Le baromètre de la diversité de 2014 étudie la problématique du logement. Il met en évidence différentes stratégies d’évitement qui victimisent les personnes d’origine étrangère tans au niveau de l’annonce qu’au moment de la signature du contrat. Il révèle également que 42% des agents immobiliers obtempèrent à l’injonction discriminatoire. Ce qui signifie que presque un sur deux accepte les conditions racistes des propriétaires.

En matière d’enseignement, la Baromètre de la diversité se prépare et devrait être publié en 2016. Le Centre interfédéral pour l’égalité des chances s’est donc appuyé sur des études de PISA, du Germe et de la Fondation Roi Baudouin pour évaluer la situation. On constate une forme de différence dans les capacités et aptitudes acquises au sein de l’enseignement, sur base de l’origine mais également par rapport au statut socio-économique.

Comment évaluer la situation objectivement ? Il y a là un véritable combat de pensées. Faut-il suivre aveuglement la mondialisation, être dans son temps et ouvrir les frontières à tout le monde ou au contraire conserver un certain esprit de patriotisme et donner en priorité les droits aux Belges ? On entend régulièrement ces derniers pester sur les étrangers qui prennent tous les emplois, acceptants de plus mauvaises conditions de travail et des salaires plus bas. Alors que le pays explose face à la problématique de l’immigration, le notion de racisme revient régulièrement. L’état actuel du pays mène à comprendre ce qui poussent les deux opposés, « racistes » et « anti-racistes ». L’actualité politique le prouve d’ailleurs clairement, il y en a de toutes les couleurs et les points de vue sur l’immigration varient d’un extrême à l’autre. Le Centre interfédéral pour l’égalité des chances devra donc parler d’une voix forte et engagée s’il souhaite voir la mise en place de ce plan, surtout connaissant le programme électoral de certains…

Solenne Gudin

 

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