JEAN DELVILLE, MAITRE DE L’IDEAL A NAMUR

A Namur, le « Musée Félicien Rops » présente, jusqu’au 05 mai, la première rétrospective consacrée à Jean Delville (1867 – 1953, décédant le jour même de son anniversaire), peintre de la lumière, poète, essayiste, dessinateur et illustrateur, lauréat du « Prix de Rome ».
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A Bruxelles, il poursuit une formation académique de huit ans, aimant, à ses débuts, représenter, avec réalisme, la pauvreté, l’errance et le monde paysan. En 1890, s’intéressant aux opéras de Wagner, il dessine, avec brio, son fort réputé « Parsifal ».
 
En 1896, il organise, dans notre capitale, un « Salon d’Art idéaliste », créant une revue sur ce thème. Entre 1900 et 1905, il enseigne à la « School of Arts » de GlasgowPère de six enfants, il retourne au Royaume-Uni durant la première guerre mondiale, s’émouvant de la violence et de la beauté de l’âme humaine. Nommé membre de la classe des beaux-arts de l' »Académie royale de Belgique », en 1924, il enseigne à l' »Académie » de Mons et à l' »Académie royale des Beaux-Arts » de Bruxelles, jusqu’en 1937.
 
Publiant des recueils de ses poèmes, il se lance dans la réalisation de peintures monumentales, comme celles ornant le Palais de Justice, sans oublier ses mosaïques, sous les arcades du Cinquantenaire. Comme il est impossible, bien sûr, d’exposer de telles oeuvres dans aucune des trois salles du « Musée Félicien Rops », nous retrouvons, ici, des esquisses originales réalisées par l’artiste louvaniste, trop peu connu du « grand public ».
 
Par contre, si nous compulsons le « livre d’or » du musée, nous constatons qu’un couple d’Américains s’est déplacé en Belgique tout spécialement pour découvrir l’exposition consacrée à Jean Delville, prouvant ainsi la reconnaissance internationale de son oeuvre.
 
Pas moins de 80 oeuvres et documents divers, tels que poèmes, lettres et livres, nous sont présentés, l’exposition s’organisant en plusieurs sections : du réalisme à l’idéalisme, les Delville2peintures lumineuses, les illustrations littéraires, la femme glorieuse et la folie de la guerre, certaines oeuvres mettant en valeur la force des corps masculins et la douceur des courbes féminines. Terminant notre visite, nous sommes confortés « par la vision d’un homme au tempérament bien trempé, convaincu par le message que l’art peut délivrer à tout en chacun ».
 
« J’essaie d’être novateur, selon mon idéal et non selon une tendance particulière. Quand je dessine ou peins, ce qui me préoccupe le plus, c’est la mesure dans laquelle je peux exprimer un sentiment, une pensée, dans une forme plastique et une couleur expressive. Je conçois mon oeuvre comme un poème. Je ne sépare pas la peinture de la poésie » (Jean Delville, lettre à Armand Eggermont, 1944).
« L’idéal est donc dans les rapports avec l’être : intelligence;
– avec la vérité : lumière;
– avec la science : progrès;
– avec la justice : amour;
– avec la raison : sagesse;
et ses rapports complémentaires, rayonnements qui illuminent notre devenu et notre devenir, sont : le génie, l’enthousiasme, l’harmonie, la beauté, la rectitude » (Jean Delville, « Dialogue entre nous », 1895).
 
Soulignons que l’audio-guide, outre d’intéressants commentaires, notamment de la petite-fille de l’artiste, nous présente de nombreuses images complémentaires, nous aidant à mieux ressentir le travail du peintre-poète. N’oublions pas, non plus, la publication d’un catalogue particulièrement bien rédigé et illustré.

 

Prix d’entrée : 2€50 (étudiants et seniors : 1€25), incluant la visite du musée. Audio-Guide : 2€00. Ouvert du mardi au dimanche, de 10 à 18h.00. Catalogue : 25€00. Pour tout autre renseignement : http://www.museerops.be.
 
Yves Calbert.

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