UNE PEU RAGOÛTANTE MISE EN « SENNE »
Le billet de POL HEMICK qu’il présente régulièrement, donnant son avis de polémiste et de critique sur l’actualité de notre pays, toujours avec humour.
Ah ! Le canal de la Senne, ce charmant bras d’eau qui traverse notre bonne capitale… Vous savez : cet endroit idyllique au bord duquel le populo (Entendez : les citoyens ainsi nommés, entre deux ou trois bouchées de caviar, dans les milieux gauchistes… c’est-à-dire « ceux qui n’ont pas les moyens de se payer des vacances » !) est invité, chaque année, par les édiles communaux et régionaux, à venir « comme à la plage ». Pari touristique, Bruxelles-les-Bains est « battu par les flots mais ne sombre pas »… sinon dans le ridicule, car seuls les suicidaires se risqueraient à piquer une tête dans l’onde et à y prendre un « bain ». Quant à y bronzer au soleil – contrairement à ce que pourrait laisser supposer le hâle des nombreux passants du quartier… qui n’est aucunement dû à une exposition locale – les rares rayons de l’astre du jour, tamisés par la pollution routière du boulevard tout proche, n’ont pas plus d’effet sur les estivants que n’en auront ceux-ci en se réveillant s’ils ont omis de garder un œil ouvert sur leurs vêtements. Cependant, ne noircissons pas le tableau : selon les publi-reportages de la presse subventionnée – Cochon qui s’en dédit ! – peu de lard saint dans les environs.
Mais nos décideurs locaux se piquent de parisianisme et – faute d’en avoir eux-mêmes – veulent singer les idées émises dans la Ville lumière. (Les méchantes langues n’hésiteront pas à affirmer qu’ils s’ing(ent)-é(t)-nient pour les électeurs !) L’ennui étant que, si nombre d’iceux sont bien vils, ils sont loin d’être des lumières. C’est ainsi que, il y a une vingtaine d’années, un comité du PSC chargé de la mobilité bruxelloise, s’était fait mener en bateau sur le plan d’eau régional afin d’étudier la faisabilité de « l’instauration d’un service fluvial de plaisance ». Dans ce groupe – outre de hauts responsables des services de transports – un certain Jean, connu pour ses positions « anarchistes de droite » et frère d’un échevin d’Etterbeek, et – bien que ne faisant pas partie de ce parti – introduit par cet homme extraordinaire mais « hors normes » afin de « mettre un peu d’ambiance »… votre serviteur. Je ne vous décris pas le froid polaire qui s’est abattu sur tout cet aréopage quand, devant l’énormité et le ridicule de la proposition de lancer une ligne de « bateaux-mouches », nous avons renchéri en proposant d’y installer un restaurant dans la coque… obligatoirement transparente afin que les dîneurs puissent voir passer les rats et les cadavres. (« Mais, enfin, Jean ! s’est exclamé son frère Bernard. Il y a ici le chef de cabinet du ministre Thys ! »)
C’était avant que l’Europe ne nous impose une station d’épuration des eaux (Assez loin d’être efficace comme l’a constaté en aval la Région flamande, réceptrice de nos déchets !) mais depuis – en dehors des ministres – rien n’a vraiment changé. Après un projet d’installer – entre Tours et Taxis et le canal – un bassin de natation (Projet tombé à l’eau quand les gens de l’endroit informèrent la Région, « qui n’en savait rien », que ce lieu d’agrément ne le serait que pour les rats… car jouxtant des égouts à ciel ouvert !), la Région de Bruxelles-Capitale envisage à présent de diminuer la circulation automobile en ayant mis, pour ce faire, en service un « waterbus ». Las ! Nécessaires pour compléter le bateau, les (fines) mouches ne se risquent pas aux alentours de Bruxelles-les-Bains (Les habitants des environs la prennent trop vite !) et les seules que l’on peut y voir sont les appâts des détenteurs d’un permis de pêche… le canal étant l’unique endroit de la capitale où, légalement, ils ne sont pas obligés de rejeter leurs prises et peuvent manger le poisson qu’ils y attrapent*.
Face à ce problème, « on » a pensé à y remédier ! Le méga-complexe d’appartements de Up-Site (140 mètres de haut, 42 étages, 2.500 personnes), que l’on construit actuellement sur le territoire du Porc de Bruxelles, « ne sera pas – selon notre confrère Ubu-Pan – raccordé au réseau d’égouts et les déjections fileront directement droit dans la Senne ». Cet hebdomadaire n’hésitait pas à parler de corruption de fonctionnaires de l’IBGE (Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement) – qui a accordé, pour ces travaux, un permis d’environnement après un « examen en profondeur » – et prédisait que le scandale n’éclaterait pas… avant les élections de 2014 ! Il semble, en effet, que les instructions reçues par la presse subsidiée soient « D’égouts et des odeurs, ne parlons plus… avant cette date ». Bien sûr, interrogée, la ministre Ecolo Huytebroek a joué les vierges effarouchées et affirmé qu’elle n’était « pas au courant ». (Depuis qu’elle a appris que l’électricité venait, en grande partie, des centrales nucléaires, elle se refuse, par principes, à « se mettre au courant » !) Elle promettait aussi que « tout sera arrangé d’ici l’inauguration », c’est-à-dire… après le prochain scrutin. Or, il semblerait qu’il s’agit – selon un ingénieur – « d’un travail de Titan », impossible à réaliser dans ces délais.
Enfin… Quand même un petit « plus » pour notre canal dans cette histoire ! En se penchant sur ses eaux sombres l’Europe pourra bientôt y mirer d’un seul coup d’œil toute la politique d’administration actuelle de l’Olivier : une gestion de m….
Pol Hémick
* Authentique. Bon appétit !

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