LOUIS JOOS A LA GALERIE CHAMPAKA
Jusqu’au 06 avril, la « Galerie Champaka », au « Sablon », nous présente une quarantaine de compositions graphiques de Louis Joos, né à Bruxelles, en 1940.
Parmi elles, « The Concert », où d’une loge, nous voyons la scène, avec un contrebassiste, un batteur et un pianiste. Pour peu, l’on croirait découvrir une case des « Sept Boules de Cristal ». Pas étonnant, Louis Joos nous confiant avoir appris à lire avec « Hergé », en parcourant ses premiers albums.
Comme lui, il n’est pas grand voyageur! « Je me demande pourquoi je ne suis jamais allé à New York, mais New York est venue à moi », nous confie-t-il, à notre grande surprise! « Ce sont mes fantasmes de New York que vous découvrez ici »! … En tout cas, en simples spectateurs, nous sommes bien à New York, grâce au talent de Louis Joos.
… Cependant, ce n’est pas seulement la « big apple » qu’il nous dévoile, ici, mais aussi son amour du jazz. … Ainsi, depuis son adolescence, à l’image de Georges Remy, conservant nombre de documents, il collectionne pochettes de vinyles, livres et photographies, découpant des articles dans des journaux et magazines. A l’écoute des techniques actuelles, il se documente, aussi, sur « U Tube », avouant avoir pleuré de joie en suivant, récemment, la prestation d’un groupe de clarinettistes… Par contre, pas question d’un simple copié – collé! … Lorsqu’il se met au travail, il éloigne ses sources d’inspiration, histoire de demeurer libre dans sa création artistique. 
A ce niveau, c’est à l' »Académie », rue du Midi, qu’il prit ses marques, vivant trois années en dessins et un an en gravures, réalisant des dessins didactiques et acquérant un apprentissage technique… A peine ses études terminées, il collabore à « Aménophis », une revue BD surréaliste, et signe sa première bande dessinée, « Le Colaxa », publiée par « Futuropolis ». Suivront « Ostende – Miami », édité par « Ice Cream », une maison d’éditions disparue, « Saxo Cool », au titre bien en rapport avec l’année Saxe, entamée il y a peu, et une petite dizaine de volumes édités par « Futuropolis »
Mais cette fois, chez « Champaka », pas question de BD, Louis Joos nous présentant ses compositions de grands formats, sur le double thème de New York et du jazz. Son admiration pour des musiciens de tous styles nous est, ainsi, dévoilée, nous avouant son « extase devant leur allure, leur élégance, leur esthétique, étincelant sous l’éclairage des spots, étant beaux à écouter et à voir »… Et de nous citer une vingtaine de jazzmen qui ont marqué sa vie, dont le Louis Armstrong des années ’25 – « 30.
Il n’oublie pas, outre le saxophone, d’évoquer des instruments si différents, qu’il met brillamment en scènes! Et de penser à ces parades joyeuses, malgré la tristesse des proches, de musiciens de jazz dans les rues de New York ou de New Orleans, à l’occasion du décès de l’un des leurs. Quant à lui, il ne joue qu’au piano, ayant hérité, en 2010, de celui de son père! En découle : « Tropical Blues », en bordure de mer, le noir du piano et de palmiers étant mis en valeur par le ciel rougeoyant d’un joli couché de soleil … tropical. Egalement : « Alone with the Blues », avec un trait jaune en bordure de scène, contrastant avec le noir, au centre, d’un piano, et sur le côté droit, d’un rideau de théâtre… Au fait, nous allions l’oublier, devinez le titre de sa dernière bande dessinée, publiée par « Futuropolis », en 2010 : « Un Piano »! … Sans autre commentaire!
… Tiens, tiens, nous pensions que les compositions de Louis Joos étaient exclusivement en noir-et-banc. « Comme moi », nous confie-t-il, « mais bon, une amie, un jour, m’a dit que pour elle, il manquait quelque chose dans mes compositions : une touche d’aquarelles, simplement! … Septique, je me suis accordé deux semaines de réflection, avant d’accepter cette évolution ». Ainsi, dans « Central Park », nous voyons un réverbère éclairé par des traits jaunes. De retour sur la scène, « Lady be good » et « Satin Doll » présentent une chanteuse de jazz, dont la robe est aquarellée de traits clairs de couleur violette. De même, « Jump for Joy », avec, en scène, un batteur et un pianiste, se détachant de traits bleu, jaune et rouge.
Grâce à « The Bridge », nous constatons que le jazz vit également en rues, ici, avec une dame et un trompettiste au pied du pont de Brooklin. Aussi, différentes oeuvres, dont « Saturday Night », nous montrent des musiciens, portant leurs instruments à la main, entrant, en soirée, dans un « temple » du jazz, ou en sortant, au petit matin.
Sur scène, vus de dos, pudiquement, nous voyons quatre musiciens, dans « Charles Mingue », du nom d’une « boîte » à jazz réputée. Dans « Jazz Loft », discrètement, aussi, comme illustré pour cet article, nous apercevons, en bas, à gauche, une fenêtre éclairée d’un bâtiment, telle une simple case de BD, avec les silhouettes de tout un orchestre jazz en répétition, le haut du tableau présentant nombre de sommets de gratte-ciel, situant bien la scène à New York. De même pour « Jazz in New York », avec cinq musiciens présentés de la même manière. Pour peu, l’on retrouve le talent de Joost Swarte, scénographe néerlandais du « Musée Hergé », qui présentait, à la « BRAFA », sa « Maison magnétique », extraite de sa série, commanditée par « Champaka », ayant pour thème la « Maison idéale ».
Et si, ici, la première oeuvre exposée par Louis Joos, nous présente le port de New York, plus loin, nous découvrons « On the deep blue Sea », présentant un navire de croisière en plein Océan. Puisse donc notre artiste voguer, sous peu, vers New York et son jazz.
Une exposition à découvrir, assurément, en n’oubliant pas qu’une de ses superbes compositions pourraient très bien, dans un futur rapproché, décorer votre intérieur, la « Galerie Champaka » les mettant en vente, entre 600 et 1800€. Quant aux projets de Louis Joos, une nouvelle bande dessinée ou d’autres compositions graphiques, laissons lui le dernier mot : « on verra, mais j’ai plusieurs projets assez flous à négocier »!
Entrée libre, de 11h.00 à 18h.30, du mercredi au samedi, et de 10h.30 à 13h.30, le dimanche.
Yves Calbert.

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